Quelle tyrannie ?

(En réponse à «Vote pas vote, tous ont droit à leur opinion en démocratie», un texte de Baptiste Foisy paru à la page 10 de notre édition du 14 octobre)

La liberté d’expression n’est pas sans danger. À travers sa surface poreuse, ou plutôt ce gargantuesque pore, s’infiltrent parfois les fragments épars d’un ressentiment mal digéré. À l’insu de tous, si ce n’est de leurs auteurs, ceux-ci se faufilent entre les pages d’une publication et attendent patiemment leur victime, le lecteur.

Dans la dernière parution d’Impact Campus, M. Foisy a présenté sa tardive plateforme électorale : espérer très très fort se débarrasser des bourgeois pourris portés au pouvoir par un peuple ignare qui, geste imbécilissime souillant le peu de dignité qui lui reste, se prosterne devant la mascarade de consultations publiques que sont les élections.
Il n’y a pas d’élections en Corée du Nord, vous dites? Les gens y sont traités comme de misérables serfs par un tyran psychopathe qui exige que son papa, pourtant mort, demeure le chef d’État. Et la Syrie du bébé Assad? L’Iran? La Chine? La Biélorussie… Peu importe! C’est du pareil au même : ici, au Canada, nous osons à peine lever la tête tant la tyrannie des urnes est impitoyable. Vous ne me croyez pas? Demandez à M. Foisy, une de ses victimes. Pour l’instant, nous ne pouvons qu’espérer être un jour libérés de ces despotiques élections.

On répète souvent que les citoyens d’une démocratie peuvent, grâce au privilège que sont les élections libres, choisir leurs représentants et, directement ou indirectement, leur gouvernement. Vous y croyez toujours, vous, à cette vieille histoire inventée pour satisfaire les tarés? Après tout, les «élus» sont choisis d’avance par les multinationales, qui injectent le «choix» électoral directement dans l’encéphale des «citoyens» avec des spots publicitaires hypnotisants. Seuls quelques rares esprits indépendants et éclairés, comme M. Foisy, réussissent à conserver intact leur libre arbitre. Ils ne sont pas dupes : le jour du scrutin, ils demeurent à la maison, cultivent leur dignité et rédigent des essais fleuris sur l’inutilité des élections.

Vous pensez peut-être que les citoyens insatisfaits peuvent se présenter eux-mêmes comme candidats en tant que membres d’un parti ou en tant qu’indépendants? Erreur! M. Foisy, qui manifestement s’y connaît bien, nous révèle que seuls sont admis les membres d’une occulte loge maçonnique d’hommes privilégiés, tous des blancs baignés dans le luxe depuis leur naissance, éduqués dans les plus élitistes des écoles et pourvus d’un flair leur permettant de trouver et de lécher les culs les plus influents. Voilà! Ex nihilo nihil fit! Pas la peine d’essayer! Retournez tous pelleter du fumier, bande de Moujiks!

D’ailleurs, les exceptions à cette règle ne font que la confirmer. Les individus perspicaces se rendent bien compte qu’aux États-Unis, le candidat présidentiel Barack Obama est en réalité un Rothschild éduqué à Yale en cachette et maquillé en noir. Quant au Canada, surtout ne me parlez pas des députés Grewal, Dhaliwal, Wong, Dosanjh, Agglukaq, Chow et autres. Derrière leurs masques se trouvent de très pâles créatures, tous des gradués de Harvard aux joues tachées de crottin doré.

Après tout ça, vous comprenez certainement pourquoi M. Foisy refuse de se rabaisser au point d’exercer son droit de vote. Non? Moi non plus. Une attitude d’hilote prétentieux comme la sienne est un des pires dangers qui menacent notre fragile démocratie, car toutes les démocraties sont toujours vulnérables; ses contempteurs sont souvent ceux qui s’empiffrent de ses fruits. Je ne m’étendrai pas ici sur le cauchemar que vivent ceux qui ignorent le rare privilège des élections libres ou encore de la très réelle perte de dignité humaine qu’ils doivent endurer.

Quant à ceux qui se vantent de ne pas voter et qui, par le fait même, font l’apologie de la servitude, ils créent, malgré eux, une avant-garde à toute idéologie hostile envers la liberté. Ce n’est pas un débat dont ils ont besoin, mais plutôt une éducation. Et oui, ils devraient avoir honte.

Jean-François Létourneau
Étudiant en biologie

 

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