Un sondage conduit par la Faculté des lettres et des sciences humaines (FLSH) de l’Université Laval révèle que plus d’un élève sur deux considère que sa session se déroule bien. Mais, certaines associations étudiantes ne sont pas convaincues que ce soit la réalité.
L’enquête a été menée du 28 octobre au 11 novembre 2020. Les 5 112 étudiants de la FLSH inscrits à l’automne 2020 ont été appelés à y répondre. L’analyse des résultats a permis de comptabiliser seulement 1 212 réponses complètes. Ce chiffre représente 23,7% de la population de la faculté.
Selon le sondage, 51,9% des répondants considèrent que leur session d’automne se déroule bien. Malgré le contexte difficile, la majorité des étudiants semblerait avoir réussi à s’adapter et à obtenir de bons résultats.
Stéphanie Rouleau, agente de secrétariat à la FLSH de l’Université Laval, explique l’interprétation des étudiants relativement à cette question : « On s’est rendu compte que c’était surtout du point de vue [des] résultats académiques dans les commentaires. C’est de cette façon-là, on dirait, [que les étudiants] ont compris la question. »
Quant aux communications avec les enseignants, les réponses sont également positives. 67,8% des répondants ont indiqué que les communications étaient relativement bonnes.
Un portrait trop positif?
Plusieurs associations étudiantes sont surprises de ces résultats quant au déroulement de cette session particulièrement difficile. Selon certaines, ces résultats ne reflètent pas véritablement la réalité à laquelle font face les étudiants.
Rose Tremblay-Fontaine, représentante à la coordination interne de l’Association des étudiants et étudiantes en histoire (AÉH), a reçu les résultats avec incrédulité : « Ça me surprend, parce que les commentaires que j’ai reçus, c’est que beaucoup de gens ont abandonné des cours. Un enseignant m’a dit que plusieurs étudiants lui ont écrit pour dire qu’ils ont de la difficulté à remettre leurs travaux à temps […] Beaucoup de gens sont en détresse, plus que le sondage le montre, je pense. »
Pour ce qui est des communications avec les professeurs et chargés de cours, Rose Tremblay-Fontaine ajoute que cela varie selon l’enseignant.
« Avec certains enseignants, la communication est assez bonne. Mais, il y [en] a certains qui, on dirait, essaient de profiter de la situation pour s’en ficher encore plus. »
– Rose Tremblay-Fontaine, représentante à la coordination interne de l’Association des étudiants et étudiantes en histoire (AÉH)
De son côté, William Audet, vice-président aux communications à l’Association des étudiants et étudiantes en traduction (AÉT), ne pense pas que les enseignants sont nécessairement à blâmer pour les mauvaises communications avec les élèves : « Quand on travaillait en présentiel, c’était facile d’interagir avec les enseignants. Maintenant, c’est plus compliqué et plus gênant de poser nos questions en ligne et de couper le flow du cours. »
Un manque de socialisation
Par ailleurs, le sondage fait état d’un manque de socialisation. En effet, trois grandes difficultés liées à la formation à distance ont été soulevées : le manque de motivation (23,5%), l’isolement (19,9%) et l’anxiété (15,1%).
« C’est quelque chose qui manque beaucoup aux étudiants, le contact social, la vie universitaire. Ça fait partie de l’expérience complète de l’université. »
– Myriam Bérubé, présidente de l’Association des étudiants en communication publique de l’Université Laval (AÉCPUL)
Rose Tremblay-Fontaine établit un lien entre le manque de motivation, l’isolement et l’anxiété : « Évidemment, le stress fait en sorte que tu es constamment fatigué, que tu n’es pas prêt et que ça ne te tente vraiment pas de faire tes travaux. En plus, tu n’as pas personne pour te motiver, parce que tu es chez toi toute [la] journée et toute la soirée sur ta chaise. L’anxiété et le stress sont beaucoup liés au fait qu’on ne peut pas tant partager avec nos collègues. »
Les universitaires oubliés?
Alors que les élèves aux niveaux primaires et secondaires suivent leurs cours en classe, la majorité des universitaires et des cégépiens poursuivent la majorité de leurs cours en ligne. Et, il y a quelques semaines, l’Université Laval a annoncé que les cours se dérouleront majoritairement en ligne à la session d’hiver.
Face à cette situation, Myriam Bérubé ajoute: « La plupart de mes classes ne dépasse pas 40-45 étudiants. Donc, je me dis qu’il y a peut-être possibilité de faire le tout en présentiel en conservant un espace entre chaque étudiant, en portant le masque et que le professeur ou chargé de cours soit à l’avant et qu’il évite de circuler, par exemple. »
La FLSH de l’Université Laval indique toutefois que l’université se base sur les recommandations de la santé publique pour prendre les décisions relatives aux formules de cours.
« Nous, on ne fait qu’appliquer les directives qui nous sont données par la santé publique. Une table de concertation émet des recommandations au gouvernement pour améliorer la formation à distance et pour expliquer ce qu’on peut faire dans notre milieu. Les autorités nous donnent des directives, mais parfois on peut leur dire que nous, dans notre contexte, ça ne fonctionne pas, ou que ça peut s’appliquer, au contraire. On peut émettre des recommandations, mais on n’a pas le choix de se coller aux directives de la santé publique. »
– Mélanie Boutin, responsable de promotion et d’information sur les études