Lors de leur dernière année d’études au baccalauréat en enseignement, les étudiants ont à compléter un stage à temps plein dans un établissement d’enseignement de la province, ce qui signifie une soixantaine d’heures de travail. En plus des quarante heures obligatoires en classe, les futurs enseignants doivent également consacrer une vingtaine d’heures par semaine à la préparation des cours. Au cours de cette période qui laisse peu de place aux activités extra-professionnelles, les étudiants ne reçoivent aucun salaire. Ceci ne diminue pas les comptes à payer pour autant pendant cette période d’inactivité économique. Sans compter le fait que plusieurs étudiants, incapables de trouver un stage dans la ville où ils étudient, doivent s’exiler, rajoutant ainsi un nouveau loyer à payer.
Un sondage commandé par la FEUQ révèle que plus de 82% des étudiants en enseignement ont dû mettre de côté leur travail à temps partiel. De ce total, 55% ont démissionné, alors que 27% réduisaient considérablement leurs heures de travail. Des étudiants sondés, une écrasante majorité de 95% appuie l’initiative de voir leurs heures de travail rémunérées au cours de cette période.
Possible mobilisation étudiante?
Depuis le début de l’année 2008-2009, les associations étudiantes du Québec ont pris en charge le dossier, afin d’influencer le gouvernement à revoir sa politique de formation des aspirants pédagogues. C’est le cas de la CADEUL. Des réunions sont prévues en novembre afin de faire émerger une série de revendications à transmettre au gouvernement. «Nous travaillons sur ce dossier depuis cet été, explique Simon Bérubé, président de la Confédération qui regroupe 28 000 étudiants. Nous voulons axer notre action sur la mobilisation pour faire valoir les points. Un comité de revendications vient d’être formé à cet effet. Elles ne sont pas encore établies. Ce sera le choix des assos. Ce sont elles qui décideront. Nous avons une position de caucus là-dessus. En novembre, une réunion est prévue avec les associations étudiantes en éducation», explique-t-il, rajoutant que la CADEUL est déjà en discussion avec le ministère de l’Éducation sur ce dossier.
Même son de cloche du côté de la FEUQ. Son président, David Paradis, fait valoir qu’il en coûterait seulement 16 M$ au gouvernement pour rémunérer les stagiaires au salaire minimum. «Les stagiaires effectuent les mêmes tâches que les enseignants, mais s’endettent pour le faire. C’est pour cela qu’il faut faire quelque chose. On veut mobiliser le plus de monde possible, en commençant par les
étudiants-stagiaires, les enseignants, les parents et les commissions scolaires. C’est un dossier prioritaire pour nous. Nous évaluons que seulement 16M$ seraient nécessaires à ce qu’un programme de rémunération des stagiaires voit le jour. Nous discutons avec le ministère à ce sujet»
Mission difficile
S’il faut en croire les instances décisionnelles affectées au dossier, la tâche s’avèrera ardue pour le mouvement étudiant. Dans plusieurs commissions scolaires de la province, la rémunération des stagiaires ne semble pas faire partie des priorités à l’ordre du jour. À la Commission scolaire de la Capitale, un membre du personnel de direction nous a fait savoir que ce n’était pas un sujet discuté et qu’il n’était pas non plus prévu de le faire. De son côté, la ministre de l’Éducation Michelle Courchesne ne se fait pas plus rassurante : «Nous n’avons pas encore pris de position sur le dossier. C’est un dossier qui est très complexe», a-t-elle fait savoir à Impact Campus.