Avec les deux doses, la zone verte, la possibilité d’une vie plus normale, viennent les festivals et leurs corps collés, la bière dans les écocups, les campings improvisés, les files pour les toilettes, la musique trop forte, la sensation de ne pas avoir 25 ans encore, de n’avoir rien qui nous attend le lundi matin. Retour sur le Festif en fragments et en images.
Par Emmy Lapointe, cheffe de pupitre aux arts
Arrivées au soleil, on monte notre tente comme un Lego d’été. Les poteaux ne sont pas aux bonnes places, on les switch, le toit est à l’envers, tant pis, ça tient.
Shorts ou pantalons longs. Corona ou gin tonic. Hot-dog européen ou tacos au poulet.
La musique du parvis est tellement forte. Je ne sais pas si c’est mon cœur que j’entends ou celui de mon voisin qui vient de dire « ok, la MD kick ».
Les lumières sont tièdes, la musique du parvis est moins forte.
Mon écocup ressemble à un verre de slush Puppie.
Il est 22h passées, des enfants se lancent un ballon de plage au milieu des corps de plus en plus voilés. Je le reçois sur la tête. La petite qui vient le chercher s’appelle Olive. Elle a un collier de bonbons, elle nous en donne.
22h40. Discussion de file de toilette. Le show était fou qu’elle dit, elle est trempée à la navette, il paraît qu’il y a une boule disco au bout d’une grue et des chars compactés. Elle me dit que ça lui fait du bien. Je ne sais pas quel âge elle a. Elle a un beau visage de 50 ans, mais une salopette qui me mélange.
Je ferme les yeux. J’ouvre les yeux, on est au milieu de la foule, tous les corps dansent. Je ferme les yeux, j’ouvre les yeux. On est au bord de la rivière. J’entends quelqu’un vomir à quelques arbres de nous.
Couchées dans la tente. Les bruits des shows au loin sont plus efficaces que tous les asmr du monde.
Lever à 4h30. Mon doux saigneur. Le ciel est rose, j’avais oublié que le rose, ce n’était pas seulement une affaire de fin de soirée.
La tente est chaude. Le sac de couchage à l’extérieur.
Déjeuner au butane. Ouvre-boîte qui éclate dans les mains. Voisin de tente altruiste, camping solidaire.
Le Hart n’a pas de chaise de camping, mais il a des dauphins gonflables.
Kaïn dans la voiture, Rivière du Moulin, chute glaciale, les roches sont moins confortables qu’elles n’y paraissent.
Sir Pathétik dans la voiture, plage, sable un peu brûlant, marée basse. Je ne pensais pas que Baie-Saint-Paul avait aussi son varech.
La dernière fois que j’ai vu autant de monde de Québec, c’était à Québec vendredi.
Pourquoi tout le monde est aussi beau sur fond de fleuve.
Heureusement, le Spikeball se fait rare.
Retour au camping, sieste fragile.
Les rues sont pleines, fish and chip, quelques verres, retour dans la foule de minuit.
Ce n’est pas mon genre de rap, mais le body surf fait oublier les rimes faciles.
Je ne pensais pas que la sueur des gens m’avait manqué.