La Falaise de Maude Bégin-Robitaille, première pièce de la saison d’automne des Treize, met la barre haute.
Ariane Tapp
La Falaise n’est pas le premier texte de Maude Bégin- Robitaille, et ça paraît. La pièce nous raconte, en tableaux, les drames de quatre hommes et quatre femmes, chacun à leur façon pris au piège entre le désert et la terre promise refusée, dans un camp de réfugiés sur la falaise où tout peut tomber, les corps comme les âmes. Sous des relents d’holocauste, inspiration évidente, tous les personnages ont leur histoire à raconter, un passé tragique ou un rare moment de bonheur que l’on découvre au fil des monologues qui ponctuent la pièce. Ceux de Maude Bégin-Robitaille, en Madeleine la provocante, et de Xavier Gagné, en homme d’affaires aux mains sales obsédé par la propreté, valent à eux seuls le détour. Le propos est sensible et vrai, transmis par un texte se balançant, de manière inégale, toutefois, entre descriptions littéraires et joual. La mise en scène de Karl-Patrice Dupuis nous le livre efficacement, quoique l’on puisse remettre en question la présence d’une partie du public sur la scène et des effets sonores enterrant parfois le jeu. La production n’en est pas moins une réussite, car même ces éléments contribuent à l’atmosphère écrasante qui domine. Chapeau à l’équipe et tout particulièrement à Maude-Bégin Robitaille, non seulement auteure et actrice accomplie, mais également directrice de production et responsable du projet.
À quand le saut dans le théâtre professionnel?