Nous en sommes maintenant à plus d’une semaine du début de l’invasion de l’Ukraine. Alors que la résilience des défenseurs s’affirme, au grand dam de Vladimir Poutine qui voit son offensive s’enliser, l’Occident donne tout son soutien au président Zelensky. À défaut d’avoir l’audace, le courage, la folie ou l’imprudence de s’attaquer directement à la Russie, l’Occident mobilise tous les autres leviers pour faire face à l’envahisseur, et ce autant du côté gouvernemental que de la population civile.
Par Ludovic Dufour, chef de pupitre société
Refusant d’engager ses propres troupes, ce sont les dons d’armes et d’équipement militaire que les alliés de l’Ukraine privilégient comme approche. Les États-Unis, l’Allemagne, la Roumanie, le Canada, la France, les Pays-Bas et la Belgique, parmi d’autre, ont promis la livraison de missiles, d’armes, de casques, de gilets par balle, d’obus, de munitions, mais aussi de matériel humanitaire. Il faut croire que les tirs de missiles antichars sur lesquels on peut presque lire « à Zelentsky, de la part de l’OTAN » ne constituent pas une déclaration de guerre. Le gouvernement du Québec fait aussi sa part. Outre les sanctions visant la vodka russe, l’aide québécoise prend également la forme d’un don de 300 000 $ à des organismes humanitaires.
Au-delà de cette aide officielle, le gouvernement ukrainien cherche des moyens financiers directement chez la population. Plusieurs sites acceptent des donations visant à équiper l’armée ukrainienne et le 26 février, on annonçait via le compte twitter de l’Ukraine que les dons sous forme de bitcoins étaient acceptés.
Évidemment, les sanctions représentent un autre front où la Russie ressent de la pression. Les compagnies privées y vont aussi de leur soutien et de leurs frappes : Mastercard et Visa bloquent l’accès à leurs réseaux; plusieurs compagnies, dont 11 Bit Studios, connu pour le jeu This war of mine qui dénonce les atrocités de la guerre, annoncent des dons à des organismes humanitaires; SpaceX promet de garder le réseau internet de l’Ukraine en marche grâce à starlink. Le cours du rouble russe ne cesse de chuter depuis le début de l’invasion et certaines compagnies russes craignent les pertes au point de s’exprimer contre la guerre. Fait incroyable, la Suisse, pourtant très attachée à ses traditions de neutralité, a également établi des sanctions contre la Russie.
À ses tensions internes s’ajoute le mécontentement du peuple russe. On dénombre des arrestations par milliers et le kremlin réplique, selon Michel Roche, professeur en science politique à l’UQAC, en censurant tous les médias qualifiant la crise ukrainienne d’invasion ou de guerre. Il ne reste, au dire du professeur, presque aucun média indépendant d’importance en Russie suite à ces mesures.
Les frappes se poursuivent également sur le Web. Le célèbre collectif Anonymous a déclaré par twitter la guerre à la Russie. Il aurait réussi à s’en prendre au programme spatial russe, à fermer temporairement le site de Russia Today et à s’en prendre à des sites du gouvernement de Biélorussie. Des pirates de Biélorussie auraient également immobilisé le réseau ferroviaire de leur pays.
Mais malgré tout, l’Ukraine manque de troupes et c’est pourquoi le président a fait un appel au volontaire international. Tous ceux souhaitant se joindre au combat sont les bienvenus et certains répondent. C’est le cas de Wali, un tireur d’élite canadien ayant fait un choix similaire lorsqu’il est parti combattre l’État islamique en Irak de façon volontaire. À son image, d’anciens militaires sentant l’appel du devoir s’organisent pour rejoindre le front, contrairement aux forces de l’OTAN.