L’homme au centre

Un défi de taille : par la magie des mots, ramener simultanément à la vie Edgar Allen Poe et Charles Baudelaire dans le but de prouver qu’ils ne sont, en vérité, qu’un seul et même personnage. L’auteur de ce «collage littéraire», de cette méticuleuse alliance de textes, Guillaume Perreault, affirme que son choix s’est arrêté sur ces deux écrivains puisqu’on «s’est tous pris, à une époque de notre vie, pour un poète maudit». Le metteur en scène, Pierre Antoine Lafon, confirme que ce travail a pour fondement et résultat des «artistes qui parlent d’eux, qui trouvent un écho».

En vue d’offrir un spectacle accessible qui plaise au public, «un tour de magie autour de deux monstres de la littérature», comme le décrit le metteur en scène, les deux hommes se sont assurés d’un bon dosage entre le drame et la comédie. De plus, un bon entendement de l’histoire ne requiert pas une connaissance préalable des œuvres ou des écrivains, ils affirment même tous deux que ceux qui en possèdent seront surpris de redécouvrir les artistes. À la suite des trois représentations «expérimentales», ils ont recueilli les commentaires des spectateurs et en ont teinté leur travail. De ces consultations ont éclos 16 tableaux de cinq minutes aux ambiances diversifiées.

Pour ne pas s’encombrer de multiples changements de décors, et puisque «la poésie est la langue de l’image», nous rappelle Pierre Antoine Lafon, leur espace de jeu se bâti de projections vidéo finement conçues. Les protagonistes sont ainsi transportés en maints lieux par de mystifiants jeux de lumière.

La troupe – complétée par Guillaume Cyr, Mani Soleymanlou et Stéphanie Kym Tougas – effectue véritablement un travail de collaboration, un dialogue. Le metteur en scène «leur donne un carré de sable et c’est à eux de faire des châteaux». Chacun à leur manière, ils utilisent leur formation et les défis du métier pour questionner leur engagement à l’art qui s’en trouve chaque fois confirmé. Pour M. Lafon, «le théâtre est l’espace encore magique de ce monde où l’on peut se raconter des histoires entre nous. Dans la vie, quand on est chanceux et un peu courageux, on fait ce qu’on aime».

Ils vous convient donc tous à voyager avec eux dans un monde de lettres et de féérie, à vous laisser envouter par leur «show rock de poésie», avec Le deuil profond de la nuit, présenté du 11 au 29 novembre au théâtre Premier Acte.

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