L’activisme afro-américain renvoie souvent aux personnalités phares du mouvement des droits civiques aux États-Unis, tel que Martin Luther King. Ces légendes ont contribué à l’éveil de conscience de la société américaine mais n’ont pas eu la légitimité de faire valoir les efforts innovateurs des personnes noires. Bien qu’elle n’ait pas la même reconnaissance, il existe une commémoration désormais internationale qui vise à informer à ce sujet : le Black History Month.
Par Joyce Shabani, cheffe de pupitre société
La voix de toute une communauté
Reconnu en 1986 par le Congrès américain, le Black History Month porte la voix de toute la communauté afro-américaine car celle-ci a besoin de reconnaissance. Cette commémoration annuelle (au mois de février) témoigne l’importance de valoriser les bienfaits de la communauté afro pour la société américaine. Cette célébration est quasi fondamentale pour les personnes noires aux États-Unis qui s’émancipent peu à peu de l’image terne et esclavagiste à laquelle est associée leur culture. C’est un souhait que portait Carter Godwin Woodson, historien afro-américain du XXème siècle, qui est à l’origine du Black History Month. En 1915, Woodson instaure la Negro History Week et met en place une exposition retraçant l’histoire et toutes les réalisations produites par des personnes noires. Il s’agit de l’exposition « Exposition of Negro Progress » dont l’essence était d’éduquer les personnes à propos de la culture afro-américaine. Mais surtout, de l’honorer car elle a longtemps été exclue du récit national.
Un devoir de mémoire ?
Le Black History Month est devenu indiscutable après avoir été reconnue par différents acteurs politiques contemporains. En l’occurrence, Obama soutenait lors de son dernier mandat que le Black History Month fait valoir un héritage précieux à toute la société américaine. Du fait que la culture afro a façonné la culture américaine, le devoir est de transmettre cet héritage aussi bien qu’on le peut. C’est pourquoi toutes sortes de festivités se tiennent au mois de février. Il existe de nombreux festivals qui mettent en avant les sonorités afro à cette occasion comme le festival The Art of Black à Los Angeles, par exemple. Des expositions aux thématiques liées à la culture afro aussi ont lieu, notamment à la galerie Arsenal à New York. La commémoration jouit désormais d’une grande reconnaissance culturelle et aspire à informer, apprendre et éduquer à propos de l’histoire afro-américaine. Si bien que chaque année, c’est une occasion de rappeler quelles sont les contributions et l’apport historique des personnes noires aux États-Unis.
Une portée internationale
Enfin, plusieurs États reconnaissent et célèbrent le Black History Month, tant en Amérique du Nord qu’en Afrique. C’est également le cas du gouvernement canadien qui a adopté le mois de l’histoire des Noirs en décembre 1995 à la Chambre des Communes. Onze ans plus tard, c’est aussi adopté au Québec grâce au projet de loi suggéré par Yolande James. Grâce à la première femme noire membre de l’Assemblée nationale, le projet de loi entre en vigueur le 1er février 2007. Une Table Ronde du mois de l’histoire des Noirs s’est tenue à Montréal pour l’occasion. Plusieurs activités sont programmées pour honorer la cause. Parmi celles-ci, une conférence sur l’histoire méconnue des domestiques guadeloupéennes au Québec a eu lieu.
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