Samedi le 23 mars ont eu lieu les funérailles d’État de l’ancien Premier ministre du Canada, le Très honorable Brian Mulroney, ancien étudiant à l’Université Laval. Les funérailles se déroulaient à la basilique Notre-Dame-de-Montréal et elles furent plutôt bouleversantes.
Par Nicolas Drolet, journaliste collaborateur
L’assistance était hétérogène dans sa composition : le Premier ministre Trudeau était là, le chef de l’Opposition officielle, Pierre Poilievre, le chef du NPD Jagmeet Singh, puis des gens qui l’ont connu, comme Pierre-Karl Péladeau ou encore Jean Charest, ainsi que des gens qui l’ont combattu politiquement comme Stephen Harper qui l’avait écarté du Parti conservateur et Jean Chrétien qui s’était opposé à lui politiquement en tant que chef du Parti libéral du Canada.
Avant toute chose, qui était Brian Mulroney? Mulroney était chef du Parti progressiste-conservateur du Canada, 18ePremier ministre et celui dont le gouvernement a eu la plus grande majorité des sièges à la Chambre des Communes en 1984. Il était connu aussi comme « le p’tit gars de Baie-Comeau ». Un de ses accomplissements les plus flagrants est son leadership quand il a mené la charge mondiale contre le régime d’apartheid en Afrique du Sud et en contribuant à la libération de Nelson Mandela. Cependant, un de ses plus grands rêves, à savoir réunir le Québec et le reste du Canada dans l’honneur et l’enthousiasme, n’a pas pu aboutir de son vivant avec l’avortement de l’Accord du lac Meech.
La cérémonie débuta par un transfert du cercueil par un cortège de la GRC jusqu’à la basilique où se tenaient des soldats des Forces armées canadiennes. Plusieurs hommes de la GRC sortirent le cercueil du corbillard et le transportèrent jusqu’à l’intérieur de la basilique et l’y posèrent. Ses décorations de l’Ordre du Canada, de l’Ordre national du Québec ainsi que son collier de la Légion d’honneur y furent déposés.
Quelques personnes lui firent un éloge funèbre. La première, sa fille Caroline, y est allée d’anecdotes drôles à son sujet. Ensuite vint Justin Trudeau qui a rappelé son rôle important dans la construction du Canada actuel et dans la charge mondiale contre l’apartheid en Afrique du Sud. Ce fut le tour de Pierre-Karl Péladeau qui parlait beaucoup de lui et d’affaires financières (ce qui a semblé mettre l’audience mal à l’aise compte tenu du contexte). C’est Wayne Gretzky qui le suivit, eh oui, l’ancien des Oilers d’Edmonton ne se priva pas de raconter des moments drôles qu’il avait partagés avec l’ancien Premier ministre et sa famille. Vinrent ensuite Tim McBride qui rappela le rôle que M. Mulroney avait joué dans la construction des relations entre le Canada et les États-Unis, puis Jean Charest qui parla de l’impact qu’a eu Mulroney sur la politique environnementale au Canada par son traité avec les États-Unis sur les puits acides. Il souligna également la volonté qu’avait toujours eue le défunt d’aller au-delà des clivages partisans pour réunir les deux solitudes.
Ensuite, ses fils Ben, Mark et Nicholas se présentèrent au lutrin pour réciter quelques passages de la Bible, puis ce fut le temps des sermons. Au cours de la cérémonie, nous avons pu entendre plusieurs parties du Requiem de Mozart. Côté musique, il y eut entre autres la chanson d’origine irlandaise « Danny Boy » interprétée par le groupe The Tenors, « Quand les hommes vivront d’amour » de Raymond Lévesque chantée par le ténor Marc Hervieux, et plus touchant encore peut-être, le titre d’Yves Montand « Mais qu’est-ce que j’ai », la chanson préférée de Brian Mulroney chanté par sa petite-fille Elizabeth Theodora (fille de Caroline Mulroney). De plus, Elizabeth Theodora interpréta avec Marc Hervieux la chanson irlandaise « When Irish Eyes Are Smilling ». Finalement, alors que l’assistance commençait à quitter la basilique, la chanson « We’ll Meet Again » de Vera Lynn, chantée par Mulroney lui-même, se fit entendre pour la dernière fois.
Mulroney aura essayé de réconcilier les deux solitudes de son vivant, sans y parvenir. Il aura réussi, cependant, le temps d’une cérémonie d’ultimes adieux à le faire, ce qui prouve qu’il a marqué ses contemporains et une nouvelle génération.