Mercredi le 6 septembre dernier, le chef du Nouveau Parti démocratique Jagmeet Singh annonçait
rompre l’entente forgée entre eux et le Parti libéral du Canada. De nombreux passionnés de
politique, ainsi que de nombreux observateurs et chroniqueurs, affirment que cet événement est un
véritable séisme dans la politique au Canada. Cependant, est-ce vraiment le cas ?
Par Nicolas Drolet, journaliste collaborateur
Six mois après la fin du dernier scrutin fédéral en octobre 2021, le Parti libéral, afin de pouvoir garantir sa longévité au pouvoir, avait conclu une entente avec le Nouveau Parti démocratique, ayant obtenu des gages quant au support parlementaire du NPD, notamment sur les soins dentaires et une assurance médicament. Cette entente s’est traduite par une coalition parlementaire PLC-NPD qui durera jusqu’au début de ce mois-ci. Cependant, aucun de ces projets n’a été mis de l’avant par le parti au pouvoir, et ce, malgré la loyauté indéfectible du NPD, donnant lieu à plusieurs menaces de divorce de la part de Jagmeet Singh. Et pourtant, le NPD, avec l’aide du Bloc québécois, a tout de même appuyé le gouvernement libéral lors de la dernière motion de censure déposée par le chef conservateur Pierre Poilievre. Dans une tentative évidente de dérober l’attention aux libéraux et des conservateurs et la déclaration de Jagmeet Singh a fait la une des médias autant canadiens que québécois pendant deux jours.
Cependant, Jagmeet Singh, dans son intervention de mercredi a pris le soin de mentionner le fait que même si l’entente était rompue, il n’allait pas « forcer d’élections ». Que faut-il comprendre dans cette déclaration ? Que même si le divorce entre les deux partis a été prononcé, cela signifie que le NPD continuera quand même à appuyer le PLC quoiqu’il arrive. Et comme Jagmeet Singh n’a pas l’intention de déclencher d’élections, il a voté, avec la collaboration du Bloc québécois, contre la motion de censure que le chef conservateur Pierre Poilievre a déposée à la Chambre des Communes le 24 septembre. Il ne faut surtout pas perdre de vue que beaucoup des actuels députés néo-démocrates avaient annoncé leur intention de ne pas se représenter. Il faut aussi ajouter que selon le site d’agrégation de sondages Canada338, la projection du nombre de sièges pour les néo- démocrates est en baisse, tout comme celle des libéraux, alors que les conservateurs sont en montée. Le NPD a besoin des libéraux, les libéraux n’ont pas besoin du NPD.
Jagmeet Singh a fait un bon coup de communication. Cependant, il ne faut pas être dupe, car contrairement à ce qu’affirment beaucoup d’observateurs et d’analystes, les choses ne changeront pas vraiment, puisqu’aucun député néo-démocrate ne risquerait son siège ainsi que sa pension. Le NPD continuera donc d’appuyer le PLC.