Rassemblant des textes de six auteur.es acadien.nes, Découronné.e.s convie le public à une réflexion hétéroclite autour de la question du pouvoir.
Par Jacques Martin, journaliste collaborateur
Dans une mise en scène efficace de Christian Lapointe, qui intègre les auteur.es du spectacle à la prestation par l’entremise de projections d’images, Caroline Bélisle et Xenia Gould – que l’on a appris à connaître sur les réseaux sociaux sous le pseudonyme de Chiquita Mére – interprètent des textes sur plusieurs des enjeux majeurs de notre époque.
En entrée de jeu, un texte de Jean-Philippe Raîche imagine une reine d’Angleterre voulant abdiquer son trône, se plaignant du poids trop lourd de la couronne qu’elle doit porter. Déjà, on ancre bien le spectacle dans une réalité acadienne, autant par le vocabulaire que par les référents.
S’ensuit une poignante lettre de Gabriel Robichaud adressée à l’écrivaine palestinienne Yara El-Ghadban, dans laquelle l’auteur trace des parallèles entre les réalités du peuple acadien et celui de son interlocutrice. Il s’agit du passage le plus fort de la pièce – autant par la force de la prestation de Caroline Bélisle que par la plume de Robichaud, sans oublier la gravité et l’actualité du sujet abordé. Soulignons également l’audacieuse performance d’un texte du vénérable Herménégilde Chiasson sous la forme d’un numéro de hip-hop.
Néanmoins, le caractère éclectique de la proposition donne un résultat quelque peu inégal, autant dans les textes que dans les scènes qui en résultent. Le passage mettant en scène un texte de Georgette Leblanc est notamment l’un des points les plus faibles du spectacle : malgré une performance passionnée de Xenia Gould, il s’agit d’un texte décousu, dans lequel il est difficile de saisir le propos de l’auteur.e.
Se clôturant par une interprétation très bien mise en scène d’un dialogue de Céleste Godin autour de la figure de la princesse Anastasia et du film animé éponyme (Gould brille ici, le texte étant rédigé dans un chiac qui lui va comme un gant), Découronné.e.s s’avère au final un spectacle qui vaut la peine d’être vu pour ses moments forts et qui propose une réflexion polyphonique pertinente sur la conduite de notre monde. Il se clôt avec une question crue quant à l’engagement de tout un chacun dans l’action politique : « Eat the rich, sure, mais as-tu le stomach pour les achever toi-même à la baïonnette pis les dépecer? »
Découronné.e.s est présenté au Théâtre Périscope jusqu’au 30 novembre. Tarification ouverte allant de 25$ à 50$.