Éclats de rue, éclats de scène : Coro Casse 2025

C’est du 19 au 22 juin dernier qu’avait lieu la première édition du festival Coro Casse, offrant à son public soirées dansantes et DJ set, performances de haut niveau, battles survoltées et classes de maîtres pour toustes – et en tous genres, du krump au waacking. Pendant quatre jours, la ville de Québec aura vibré au rythme du street dance. Retour sur une ronde d’ouverture intense et nécessaire.

Par Frédérik Dompierre-Beaulieu (elle), journaliste multiplateforme

 

Né d’une volonté de célébrer les danses de rue dans toute leur diversité, Coro Casse, qui existait d’abord sous la forme d’une battle, s’est transformé en un festival à part entière, conjuguant la précision artistique des performances scéniques – pensons à la beauté et à l’intelligence chorégraphique de Prism -, l’énergie brute de la culture hip-hop et son esprit de communauté. Ensemble, les co-fondatrices Emmanuelle Lê Phan et Victoria Côté Péléja rêvent d’une scène à l’image de leur communauté : vivante, plurielle et accessible. “Le projet vise à développer la communauté de street dance à Québec en offrant une plateforme professionnelle pour la nouvelle génération de créateurs Hip Hop tout en ouvrant cette vitrine au grand public de la capitale”, peut-on lire sur le site de Tentacle Tribe. Mission réussie : l’événement a effectivement su créer un espace tout en mouvements où se mêlent transmission, plaisir et prise de parole par le corps. 

Lors d’une entrevue accordée à CHYZ 94.3 avec Noémie Fontaine le 17 juin, Victoria insistait justement sur la nécessité de montrer la street dance autrement que par les produits lisses et embellis de la télévision ou du cinéma, soulignant par le fait même le désir de revenir à ses racines, à son histoire, à ce qu’elle porte comme mémoire. Le festival a bien réussi à mettre en valeurs la street dance et la culture hip-hop sous toutes ses formes, à en montrer les différentes facettes afin de réitérer leur charge poétique, politique et collective. 

 

 

Par-dessus tout, le festival cherchait à faire communauté : car l’idée de Coro Casse n’est pas seulement de mettre en lumière des artistes émergent.es ou établi.es, mais aussi de créer un dialogue et une proximité entre différentes générations de danseur.euses, le public, les adeptes et les curieux.euses et les autres styles et communautés de danse. “Au-delà du mouvement, il y a aussi l’aspect humain derrière ça et qui est super important pour nous.” La transmission des savoirs, finalement, est au coeur de Coro Casse, à travers les échanges pĥysiques, incarnés, et par-delà le geste en lui-même : “C’est facile et important d’apprendre par nos propres moyens. Les gens voient par la télé, par internet, par Youtube comment apprendre certains styles, mais on voulait vraiment avoir des segments de passation en personne, de vive voix, de démonstrations physiques, avec des enseignants d’expérience, qui font ça depuis tellement d’années. C’est ça qui arrive avec un cours qui se donne en personne : au travers de ce qui est enseigné oui il y a le mouvement, il y a l’histoire, il y a l’écoute de la musique. Il y a tellement à apprendre juste en regardant quelqu’un faire quelque chose, sans même devoir le répéter. C’est juste par l’observation et l’énergie qui est passée aussi. C’est comme ça que tu comprends un peu plus qu’est-ce que c’est.”

Cet esprit de camaraderie et ce désir de tisser du lien se ressentaient d’ailleurs à chaque moment du festival, bien que les battles constituent l’un des moments forts de Coro Casse. Alors que Prism, sur scène, nous laissait sans mots et contemplatif.ves, c’est durant les affrontements 3 vs 3 que la fébrilité était à son comble. Animé par MC So Jack et DJ Ridley, il y avait là un moment rassembleur et unique qui, par ce partage du plancher de danse, dépassait la simple compétition. Il y a quelque chose de particulièrement exaltant et libérateur dans le freestyle qu’on ne saurait vraiment exprimer fidèlement dans un article écrit, mais qu’il faisait bon ressentir à Québec cet après-midi-là. C’est aussi très beau de voir la personnalité de toustes et chacun.e briller de la sorte, être défiée et élevée à la fois. À force d’applaudissements, d’encouragements et de relances, c’est l’amour sincère pour la danse et la culture hip-hop qu’on aura surtout retenu. On ne peut que se réjouir des éditions à venir. 

Pour avoir un apercu des mille et une secousses du battle, c’est par ici !

 

Pour les intéressé.es, il est également possible d’écouter l’entrevue complète avec Victoria à partir de 37 minutes 15 secondes. Bonne écoute !

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