Menteuse : croix de bois croix de fer…

Sorti en salle il y a deux mois, le film Menteuse est une digne addition au cinéma québécois. Par l’humour sont mis en évidence les mensonges flatteurs qui envahissent notre quotidien.

Par Christophe Saillant, journaliste collaborateur

Synopsis

Virginie en train de mentir

Menteuse (2025) est la suite du film Menteur réalisé six ans plus tôt par Émile Gaudreault. Elle raconte la vie de Virginie (Anne-Élisabeth Bossé) qui ne cesse de mentir, elle ment à ses beaux parents (Luc Senay et Véronique le Flaguais), à sa sœur (Monika Pilon), à sa mère (Pierrette Robitaille), à son père ( Rémy Girard ) et même son amant (Antoine Bertrand). Elle ment tellement que ses mensonges se matérialisent dans la réalité, entraînant toute une suite de déboires comiques. Un seul moyen de s’en sortir : s’excuser de son premier mensonge.  

Une bonne suite 

À une époque où se succèdent à Hollywood des suites au détriment de l’œuvre initiale, Menteuse s’écarte du lot. En  effet le film innove quant au précédent, car il s’agit d’un genre de mensonges différent: là où Simon (Louis-José Houde) mentait pour se mettre en valeur ou éviter ses responsabilités, Virginie exagère pour faire plaisir aux autres. Aussi, le film paraît moins manichéen que le premier, où la vérité était toujours bonne et le mensonge était toujours mauvais. Ici, certains mensonges permettent à la protagoniste de se découvrir des passions qu’elle ignorait. Par exemple, après avoir menti à propos du fait qu’elle aimait beaucoup la politique, Virginie décide, à la fin du film, de se présenter aux élections provinciales. 

Par ailleurs, le ton comique est particulièrement bien réussi, on ne cesse de rire du début à la fin, une nette amélioration par rapport au premier film où on sentait un certain essoufflement des quinze dernières minutes, qui se voulaient plus sérieuses. Ce n’est pas dire que Menteuse se contente de faire rire! Au contraire, le rire se fait l’instrument de propos plus graves en lien avec la mentalité et l’état de Virginie. 

Par contre, certains aspects du développement du personnage semblent dépendre de facilités scénaristiques. Virginie arrête, par exemple, de mentir parce qu’elle ment en disant ne jamais avoir menti. Aussi, certains éléments du scénario ne respectent pas les règles établies de l’univers et ne sont jamais expliqués. Ainsi, l’amant se voit progressivement remplacé par Greg (Karl Walcott) sans explication.

Les diverses réinterprétations de Virginie demandent aux acteur.rices de montrer toute l’étendue de leur jeu. Lumière sur Pierrette Robitaille, la mère de Virginie, jouant tour à tour une femme tant jalouse que déprimée ou alors une femme qui repousse les avances de son ancien amant d’une confiance qui frise l’irrespect.

Menteuse vaut le détour

Somme toute, Menteuse est un bon divertissement. Je ne peux que le recommander si vous avez aimé Menteur, si vous êtes vous-mêmes un.e menteur.euse ou aimez bien rire.

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