Hommage à la cinéaste Monique Fortier, décédée le 18 août

Impact Campus souhaite rendre hommage à Monique Fortier, une cinéaste et monteuse pionnière, pour son influence pérenne sur le cinéma québécois. Son travail est d’ailleurs encore étudié au sein de nos propres murs lors de séminaires au Département de littérature, théâtre et cinéma. 

par Léon Bodier, chef de pupitre aux arts

Elle est, au côté d’Anne Claire Poirier la même année, la première femme francophone à réaliser un film à l’Office national du film (ONF) du Canada. Le court métrage  À l’heure de la décolonisation (1963) est documentaire constitué d’entretiens et d’images tournées en Afrique, durant la période suivant la guerre d’Algérie afin de questionner les conséquences de la colonisation française (https://www.onf.ca/film/a_l_heure_de_la_decolonisation/). 

L’année suivante, elle réalise un film peut-être encore plus fondateur que celui venu avant. Plus fondateur, car La beauté même (1964) est l’un des premiers réalisés par une femme sur les femmes. Monique Fortier y met en scène Monique Miller ; très soucieuse de plaire depuis son enfance, cette dernière demeure vulnérable aux concepts hégémoniques selon lesquels la beauté est le point culminant d’une vie féminine (https://www.onf.ca/film/beaute_meme). 

La cinéaste s’est par la suite consacrée plutôt au montage, devenant une des figures majeures du métier dans la région de Québec et au Canada dans sa globalité. Elle a notamment collaboré avec Anne-Claire Poirier sur Tu as crié LET ME GO (1996). C’est, cependant, Le déclin de l’empire américain (1986) de Denys Arcand qui lui permet de décrocher le prix Génie du meilleur montage, récompense décernée entre 1980 et 2012 par l’Académie canadienne du cinéma (https://collection.onf.ca/film/le-declin-de-lempire-americain). 

Parmis les films sur lesquels elle a travaillé pendant ses 40 années de carrière à l’ONF, on retrouve notamment :

Son savoir-faire a ouvert la voie pour les cinéastes d’aujourd’hui et a bâti les fondations du cinéma contemporain tel que nous le connaissons. Pour en apprendre davantage sur celle qui, il y a près d’un siècle, a été la première femme à en amener d’autres devant et derrière la lentille, rendez-vous avec le portrait de Monique Fortier (en 2014) réalisé par Denys Desjardins dans la série de l’ONF Une histoire du cinéma (https://www.nfb.ca/film/histoire_du_cinema_monique_fortier/). 

L’Office national du film du Canada rend hommage à la mémoire de la monteuse et cinéaste Monique Fortier : ​​

« Véritable pionnière, Monique Fortier a pavé la voie pour les femmes dans les métiers du cinéma. Ses qualités de cinéaste ont fait d’elle une monteuse d’exception, rôle dans lequel elle a contribué au développement du cinéma direct et à la réussite de certains des plus grands films de l’ONF. Son apport inspirant mérite d’être célébré. »

— Suzanne Guèvremont, commissaire du gouvernement à la cinématographie et présidente de l’ONF

 

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