Photo par Catherine Tétreault

Retour sur Québec en toutes lettres

Le Réseau des Villes créatives de l’UNESCO a reconnu Québec comme « ville de littérature » en 2017. Leur mission, en quelques phrases, est de faire de la créativité un levier essentiel au développement urbain, d’intégrer pleinement la culture dans les plans et les stratégies de développement local ainsi que de renforcer la production, la distribution et la diffusion de services culturels. Cette désignation n’a rien d’étonnant pour notre ville. 

Par Vivianne Charland, journaliste collaboratrice 

Une ville de littérature

Pensons à la littérature wendate, à la poésie engagée d’Éléonore Sioui et aux pamphlets de Jules Sioui. Pensons aussi aux écrits des Ursulines, dont les lettres de Marie de l’Incarnation, et à Roger Lemelin, portraitiste de la vie ouvrière des années 1940. La ville de Québec accueille en son sein, depuis des décennies, voire des siècles, une vie littéraire foisonnante et substantielle à notre culture commune.

Le festival Québec en toutes lettres est non seulement à l’image de ce foisonnement, mais y participe également, de manière active, depuis une quinzaine d’années déjà. Créé en 2010, ce dernier diffuse, autrement que par le livre, nombreux arts littéraires dans l’espace public : performances de rue, entretiens et spectacles divers. Une thématique particulière, inspirée par un écrivain ou une écrivaine d’ici ou d’ailleurs, marque chaque édition. Cette année, c’est un vers de la poétesse Denise Desautels qui inspire les activités proposées dans le cadre du festival, soit « l’autre qui bat en nous » de son recueil Disparaître.

Cabaret Boom Boom

Ce spectacle littéraire et musical, qui a eu lieu le 17 octobre, célébrait l’œuvre de Richard Desjardins, plus précisément son album du même nom. Sept auteurs et autrices soit Rose-Aimée Automne T. Morin, Sonia Cotten, Jean-Lou David, Catherine Perreault, Mélodie Rheault, Rosalie Roy-Boucher et Jocelyn Sioui ont fait la lecture de textes lui étant dédiés, accompagnés par la pianiste Chloé Lacasse.

Photo par Catherine Tétreault

Le spectacle s’est ainsi déroulé dans un esprit de reconnaissance et d’admiration pour l’auteur-compositeur-interprète. Or, le travail de Richard Desjardins ne se résume pas seulement à ça, c’est aussi un grand parolier, un poète, une voix engagée, mais surtout, une figure emblématique de la culture québécoise.

Gaza écrit Gaza

Le 18 octobre a eu lieu, au Musée de la civilisation, la lecture de textes composant le recueil Gaza écrit Gaza. Paru en 2014, le livre met en scène, à travers une quinzaine de voix, une jeunesse palestinienne qui continue de résister et d’espérer face à l’occupation israélienne. Une multitude de traducteurs et traductrices, d’origines diverses, ont participé à la mise au monde de cette expression collective, dans un esprit de solidarité cherchant à dépasser toute frontière. Joséphine Bacon, Yara El-Ghadban, Anaïs Barbeau-Lavalette et Sabyl Ghoussoub appartiennent notamment à cette polyphonie.

Le festival Québec en toutes lettres, en proposant ce spectacle dans le cadre de ses activités, affiche ouvertement une prise de position politique. Un mouvement important dans notre contexte politique actuel, considérant que nombreux gouvernements, dont le nôtre, refusent encore d’employer le mot « génocide » pour décrire le conflit qui se déroule présentement dans la bande de Gaza. Refuser le mot, c’est aussi refuser la réalité que présente ce mot.

Québec en toutes lettres

Les activités proposées par le festival se déploient dans plusieurs quartiers : Limoilou, Montcalm, Saint-Roch et Saint-Jean-Baptiste. Elles souhaitent ainsi rejoindre le plus grand nombre de participant.es, et ce peu importe leur situation géographique ou leur âge. En effet, les enfants sont également invités à assister à certains spectacles, dont la livraison de poésie avec l’homme-pizza, qui se déroule aujourd’hui à la bibliothèque Monique-Corriveau. Le festival se terminera, quant à lui, le 26 octobre.

Ce qui fait vivre Québec en toutes lettres, ce qui lui permet de continuer à afficher ses couleurs chaque année, c’est la participation nécessaire à tout projet de communauté. Car c’est aussi autour d’une littérature, voire d’une culture partagée, que naissent l’engouement et la fierté.

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