Urgence, énergie et psychédélisme

Dans le monde de la danse, Dana Gingras et Noam Gagnon sont inséparables. Ils ont fondé en 1993 The Holy Body Tatoo, compagnie qui a rencontré un vif succès à l’échelle internationale, notamment avec les spectacles Our brief eternity, Circa et Running Wild. Seule, Gingras se lance aujourd’hui à l’intérieur d’un monde où danse et technologie agissent en symbiose. «Avec Smash up, j’ai voulu me placer dans une position où je ne pouvais être certaine. Je devais prendre des risques. Je n’avais jamais fait un travail comme cela. C’est un potentiel de sabotage de tout ce que je savais de mon art. Maintenant, c’est une nouvelle zone de confort. J’ai voulu me mettre au défi face à mon imagination et ma créativité, pour ne pas tomber dans le piège de produire seulement du travail», raconte l’artiste native de Vancouver.

L’urgence
Avec le progrès vient la vitesse, et avec la vitesse vient l’urgence. Celle qui aime se décrire comme une outsider fait fi de sa perception d’elle-même en plongeant mains liées dans le conformiste technologique qui caractérise la société. Pourtant, elle assure que la technologie l’a ramenée aux racines de la danse. «C’est une façon de rejoindre l’espace et le temps par le mouvement. Travailler avec la technologie est aussi une façon de ne pas être aliéné à l’intérieur de notre propre corps par la présence de la technologie. Nous sommes devant un ordinateur chaque jour, c’est une façon de ne pas s’aliéner. C’est une des multiples voies que peut prendre la danse. Il faut avoir une conversation avec la technologie. La relation avec notre corps change. C’est de plus en plus nécessaire d’avoir une relation avec lui», philosophe celle qui s’est entourée de James Paterson et d’Amit Pitaru à l’animation et la programmation. Ces derniers avaient notamment collaboré avec Björk dans son projet Pagan Poetry.

Fusion du mouvement
Cinq danseuses et danseurs se partagent l’espace de la fusion du mouvement, de l’animation, de la danse et de musique aux touches psychédéliques de Velvet Underground et de Radiohead. Divisé en six tableaux, Smash up forme un cercle où le spectateur fait partie intégrante de la présentation. Les effets de lumière donnent l’impression de survoler un monde aussi incohérent que fracassant. Car dans son désordre de mouvements, de musiques et de lumières, Smash up allie la douceur de l’être à la frénésie de l’art, qui cherche à décrire la normalité d’un rythme de vie que l’on considère aujourd’hui normal. À voir à La Rotonde les 27, 28 et 29 novembre
prochain.

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