Le brigadier-général Laroche a tenu à rappeler, d’entrée de jeu, que le but ultime de la mission de l’armée canadienne et de ses alliés en Afghanistan, qui ensemble totalisent un peu plus de 50 000 militaires, est que le peuple afghan puisse un jour élever ses enfants dans la paix. Il a ensuite emboîté le pas et décortiqué successivement les volets politique, militaire et médiatique de la mission.
Sur le plan politique, le brigadier-général a d’abord affirmé que, pour le Canada, bien que la fin de la mission sous sa forme actuelle soit prévue pour 2011, il est encore trop tôt pour savoir si la mission se transportera dans une autre région ou si elle prendra une autre forme après cette échéance. À ce sujet, d’ailleurs, M. Laroche a exprimé son incertitude quant à la poursuite de la mission, vu la crise politique qui sévit actuellement au Canada. Selon lui, dans l’éventualité d’une prise de pouvoir à Ottawa par la coalition formée du Parti libéral, du NPD et du Bloc québécois, toutes les avenues sont envisageables pour l’avenir des troupes canadiennes.
Du côté militaire, ce sont près de 3 000 Canadiens qui œuvrent actuellement en Afghanistan, dans la région de Kandahar plus spécifiquement. Dès mars 2009, un nouveau contingent d’environ 1 800 militaires sera déployé dans cette région du sud du pays qui compte un peu plus d’un million d’habitants. Les tâches des forces armées canadiennes sont principalement d’assurer la sécurité et la reconstruction du pays et de supporter des organisations autres que l’armée, telle l’ACDI, qui sont également présentes en
sol afghan.
Investissement humain et financier
Une large part de la mission canadienne vise à former les forces de sécurité afghanes afin qu’elles soient en mesure de veiller à la sûreté du pays. M. Laroche a signalé que du côté de l’entraînement des militaires, de grandes améliorations ont été réalisées puisqu’ils ont formé plus de 2 500 hommes, comparativement à seulement 600 en 2006. Pour ce qui est des corps policiers cependant, il faudra redoubler d’efforts, selon lui, puisqu’ils accusent un certain retard dans leur formation.
Le brigadier-général a souligné à son auditoire qu’au cours des trois prochaines années, ce sont
210 M$ que le Canada investira en Afghanistan. Et comme la corruption est actuellement partout dans ce pays, «il faut accepter qu’une partie de l’argent injecté ne se rende pas au bon endroit». Selon lui, plusieurs années encore seront nécessaires pour que les Afghans puissent vivre en paix. «Pour avoir passé environ dix mois en Afghanistan, il y a du progrès, mais il faut être patient.» Il ne se garde pas, cependant, de signaler que «la solution n’est pas que militaire; la solution en est une afghane».
Le haut gradé de l’armé n’a cependant pas réussi à convaincre tout l’auditoire, composé en partie d’opposants à la mission, du bien-fondé de la présence canadienne et de ses progrès sur le terrain. «Ce n’était pas très convaincant comme conférence. J’ai été déçu, presque alarmé que le brigadier général ne puisse nous convaincre des changements réels en Afghanistan. En réalité, depuis quatre ans, la violence a augmenté dans plusieurs régions du pays […] On nous vend ce conflit en stipulant que c’est pour améliorer les choses. On bâtit des écoles, des barrages. Ensuite on s’en va en 2011 et on dit que les changements vont être très lents. C’est une contradiction.Rien ne nous dit que l’Afghanistan va arriver à asseoir un gouvernement stable. Je ne crois pas qu’un Canadien puisse croire à ça», a commenté Olivier Amyot, du collectif Guerre à la guerre.