Êtes-vous «écoeurés de payer»? En tout cas, les gens de KYK FM au Saguenay le sont. La station, qui fait partie du réseau Radio X, a lancé la semaine dernière une campagne visant à dénoncer le fardeau fiscal de plus en plus grand de la classe moyenne.
Raphaël Lavoie
Comment s’y sont-ils pris? En créant le mouvement «Écoeuré de payer », appuyé par de jolis autocollants à apposer sur le pare-choc, de même que par des pages Facebook et Twitter. Des moyens de mobilisation plutôt modernes. Tout est logique. Jusque-là, ça se tient.
Mais bon, je présume que vous vous demandez maintenant ce que le groupe réclame exactement. Quelles sont leurs revendications? Pour quoi se battent-ils au juste?
J’aimerais bien vous le dire, mais je ne le sais pas.
Sur la page Facebook, un administrateur écrit que le mouvement « Écoeuré de payer » vise à dénoncer la gestion des finances publiques et stimuler une discussion sur l’avenir économique et social du Québec. Mais entre vous et moi, jusqu’à présent, la vraie discussion, le gros brassage d’idées, je le cherche.
Pour le moment, on chiale. Ça fait du bien, chialer. On blâme Pauline, les artistes, les crédits d’impôt, les sociétés d’État. Les carrés rouges, les ingénieurs corrompus, la mafia, la météo. Le Pape, le cholestérol, le Cheez Whiz, la neige en aérosol, les amours décevants. On partage avec admiration des articles de chroniqueurs notoires de droite et on traite de communiste anticapitaliste le premier venu qui ose parler de solidarité sociale.
Des idées claires, le groupe n’en a visiblement pas. Je sais par contre très bien que si jamais il me prend d’exprimer une piste de solution qui penche à gauche, on me souhaitera volontiers le voyage en Chine ou en URSS. Et oui, parmi les petites pointes de droite, l’ancienne république soviétique ne se démode pas comme destination.
Cela dit, est-ce que je suis contre des mouvements citoyens du genre? Non, évidemment. Toutefois, je tiens à ce qu’on y débatte d’idées, de solutions ou encore d’alternatives valides à ce système malaimé. C’est bien beau vouloir gueuler et se faire entendre de la classe politique, encore faut-il avoir quelque chose à revendiquer. Certains domaines de l’État sont mal gérés, ce n’est un secret pour personne. Par contre, qu’on cesse de crier au meurtre et qu’on propose des moyens concrets pour changer la donne. On ne développe pas une thèse en apposant un autocollant à l’arrière de sa voiture.
En ce sens, il y a des limites à la droite populiste. Parfois, il faut s’arrêter, réfléchir et agir. Nous avons la chance d’avoir un système démocratique, profitons-en. Vous êtes malheureux des politiques du gouvernement? Écrivez, proposez, impliquez-vous auprès d’un parti. Du moins, informez-vous quant aux alternatives possibles au modèle que vous déplorez tant. Ainsi, vous aurez quelque chose à répondre quand on vous questionnera au sujet de votre autocollant.
Et si c’est trop pour vous, vous savez ce qu’il vous reste à faire. Le slogan de l’Ontario, c’est bien « Yours to Discover » ? Et bien la voilà, la solution à tous vos problèmes.