Difficile de décrire cette dernière production du Club pour l’Amélioration de la Culture ( CAC ). Ce collage scénique est un tout d’une absurdité et d’un surréalisme déstabilisant. Aucune trame narrative claire, aucun dialogue sensé, la plupart du temps aucun mot : seulement des onomatopées et des chiffres lancés dans les airs. Pourtant, MerZsonate est une pièce remplie d’émotions.
Marie-Claude Savoie
Le seul sens que l’on peut trouver à cette production du CAC, c’est bien de présenter l’innocence du quotidien dans toute son absurdité. La pièce nous le présente en près d’une vingtaine de petites scènes collées les unes aux autres. Et le collage, on le sent bien, car même si à première vue MerZsonaTe est tout sauf un tout, chaque scène se rattache l’une à l’autre grâce à des détails subtils, que ce soit des sons ou des émotions.
La magie de cette pièce vient des comédiens qui nous offrent des performances à couper le souffle. On pense à Jean-Michel Girouard, dans le rôle d’un poète allemand, qui livre un poème pour bègue avec une intensité à nous faire rester sur le bout de notre siège. Les jeux sont exagérés au maximum et jamais on ne ressent le moindre élan de fatigue. Cette intensité, on la retrouve aussi lorsque Maxime Robin, Julie Lespérance, Marc Auger Gosselin et Mélissa Bolduc incarnent un perroquet capricieux. Tout est exécuté en miroir ou à l’unisson, le tout réglé au quart de tour. Impressionnant aussi, puis touchant, lorsque la veuve ( Vicky Bertrand ) nous parle de la perte de son poisson rouge.
On se sent flotter dans un non-sens, on perd un peu la carte, et ce n’est que pour apprécier davantage les subtilités qui émergent de l’univers merzien, du théâtre d’ambiance. Du grand n’importe quoi qui, au final, donne un tout rafraîchissant et audacieux !