@HubertGaudreau
Rédacteur en chef
Je crois que personne ne s’oppose au concept de liberté. En fait, c’est bien connu, chaque être humain vit pour s’approprier la sienne, en essayant du mieux possible de ne pas empiéter sur celle des autres. Surtout dans une société comme la nôtre, où la liberté est l’une des valeurs fondamentales des fondements de celle-ci. Alors je me questionne aujourd’hui sur cette vague de révolutionnaires modernes qui se disent ardents défenseurs de la liberté. Qu’en est-il de leur réel apport à la Liberté avec un grand L.
Tout commence avec la mort de cet homme, Paul Rose, qui suscite l’opinion de plusieurs journalistes. Ce sont les mots du chroniqueur Patrick Lagacé de La Presse qui m’ont d’abord interpellé : « Terroriste ou combattant de la liberté, Paul Rose ? ». Je ne me prononcerai pas sur cette catégorisation, mais une chose est sûre, c’est que la liberté faisait partie de ses valeurs et aussi de ses combats. La défendait-il pour les bonnes raisons, ses motivations étaient-elles fondamentalement bonnes ? Je ne pourrais vous dire, je n’étais pas présent en cette soirée du 17 octobre 1970 et surtout, je n’ai pas côtoyé l’homme.
Arrive alors dans la foulée une autre nouvelle, le passage en cour de ces deux étudiants de l’Université Laval qui présentent leur requête visant à abolir l’adhésion obligatoire aux associations étudiantes. Leur motivation : la liberté individuelle. Quel apport cette initiative peut-elle avoir pour la Liberté avec un grand L ? Ces étudiants font-ils toutes ces démarches pour des motivations valables ? J’ai peine à y croire, mais bon libre à eux de faire ces démarches. Ce qui me dérange ici, c’est l’idée d’entendre des gens plaider la liberté comme motivation alors que foncièrement, il s’agit plutôt d’un combat motivé par une guerre d’idéologie qui ne devrait pas se régler de
cette façon.
Finalement samedi dernier, la révolte annuelle avait eu lieu. Plus de 200 arrestations de ces gens qui, manifestant leur désaccord face à une brutalité policière inutile, ont probablement commis comme seul crime d’être présent. Encore une fois, c’est au nom de cette grande et ultime liberté que les manifestants scandaient puissamment leurs slogans.
Mais qu’elle a le dos large cette foutue Liberté ! Est-ce seulement moi ou on se range derrière elle beaucoup trop souvent ? N’est-ce pas une façon détournée de faire passer un message qui, sans l’appui de l’argument « liberté », ne passerait peut-être pas aussi bien et ne trouverait pas nécessairement autant d’adeptes ? C’est facile de dire que c’est pour la liberté, tout tend vers elle. L’être humain est impuissant face à ces obstacles et convertit en désir de liberté cette difficulté à avancer. Il faut la plaider cette liberté, mais avec une modération certaine, sinon ce sera l’affaiblissement total du concept et donc elle ne sera plus crédible cette si précieuse liberté.