C’est plate mais c’est le seul mot que j’ai trouvé pour décrire les premiers mois du mandat du gouvernement Marois. J’insiste pour l’appeler “gouvernement Marois” et ne faire aucune référence au Parti québécois. Simplement parce que le gouvernement fait l’inverse de ce que le Parti québécois a voté dans leurs divers congrès.
Sincèrement, qu’est-ce qui se passe? Ça ne prend pas un doctorat pour se rendre à l’évidence que le parti nage dans l’improvisation, même si c’est involontaire. En fait, au moment où le ministre des finances, Nicolas Marceau, et le président du Conseil du Trésor, Stéphane Bédard, sont venus dire que le manque à gagner des finances publiques pour l’année 2012 était de 1,6G$ au lieu des 800M$ annoncés par l’ancien ministre des finances, Raymond Bachand, on savait qu’on allait soupirer souvent dans les mois qui suivaient. Mais pas à ce point.
Par où commencer?
Les coupes dans l’aide sociale de Mme Maltais, tiens. On ne peut lui reprocher de vouloir encourager les gens aptes à trouver à se trouver un emploi, j’en conviens. C’est même très bien! Ceci dit, pourquoi leur mettre un couteau à la gorge selon des conditions jugées par tout le monde sauf les principaux concernés? Pourquoi ne pas en parler aux crédits en disant “nous sommes ouverts à d’autres suggestions”? Pourquoi n’en faire qu’un petit texte camouflé dans la Gazette parlementaire au lieu de se montrer le visage et le dire ouvertement qu’il y aura une modification au système? C’est vraiment trop demandé à un gouvernement qui pourfende lui-même la “culture du secret” du Parti libéral du Québec?
L’indexation des frais de scolarité, maintenant. Car soyons francs: le sommet de l’enseignement supérieur n’était qu’une opération de communication pour démontrer une certaine “ouverture” au public. Mais l’indexation a été la seule – la seule – décision officiellement prise lors de ce sommet. Ça et 5 “chantiers”. Pourtant, toutes les solutions étaient censées être sur la table, pas vrai? Et une semaine plus tôt, le PQ avait voté, lors de son conseil national, une résolution sur “le gel OU tout autre solution qui permet de diminuer l’endettement étudiant”. Rapidement, l’indexation et devenu un gel, la diminution de l’endettement et devenu la limitation de l’endettement. Un coup de baguette magique, pouf, suivant.
Les logiciels libres? S’il y a un parti qui pourfendait le PLQ pour son manque de transparence concernant l’utilisation de logiciels libres au lieu de logiciels à licence qui coûte 4 fois le prix, c’est le PQ. D’ailleurs, Mme Malavoy avait pratiquement engueulé le PLQ à l’Assemblée nationale sur le sujet, disant que le gouvernement pourrait économiser près de 1G$ en utilisant les logiciels libres. Résultat: le gouvernement vient finalement de renouveler le décret anti-logiciel libre qu’il dénoncait lui-même. Me niaisez-vous?
Pendant ce temps, on annule tous les projets de mini-centrales hydroélectriques, surplus énergétiques et soucis environnemental oblige. «Sauf une fois au chalet», puisque la mini-centrale de Val-Jalbert, elle, sera construite. Pourquoi? Parce que le gouvernement précédent avait fait avancer le projet trop loin. Y’a un mot pour ça: décret. Encore une fois, êtes-vous sérieux?
Et l’argument du “gouvernement précédent” revient souvent, voyez-vous? Quand on demande au PQ la raison pour laquelle le budget 2012-2013 est ficelé de la sorte, il répond “ben c’est ce que le PLQ avait prévu alors vous nous reprochez ce que le PLQ avait mis de l’avant”. Comme si c’était une excuse! Si les citoyens ont élu le PQ, c’est pour que les finances soient gérées par le PQ, bout’viarge! Si on avait voulu le budget du PLQ, on aurait voté pour lui!
Sans compter M. Hébert qui qualifie le projet de Pharma-Québec d’extrêmiste. C’est quoi, Pharma-Québec? C’est un genre d’entité étatique qui fait de la recherche pour trouver de nouveaux médicaments question de diminuer les coûts de ceux-ci (grosso modo). Québec solidaire et Option nationale ont estimé les économies du Québec à 2G$/année. Mais c’est “extrêmiste” de vouloir ça…
On avance d’un pas. Puis on recule de deux. On accuse le gouvernement précédent de tout mais on ne fait rien pour réparer ses erreurs. Mis à part quelques demi-mesures sur le financement des partis politiques, bien entendu. Parlant d’avancer et de reculer, il est faux de prétendre que les “investisseurs étrangers ont peur du plan péquiste”. En fait, à l’instant où ces investisseurs ont une marge de profit respectable muni d’un plan économique clair et détaillé (qu’il soit pro-environnement et pro-social ou non), ils viennent faire du cash. Ce qui peut cependant faire hésiter un investisseur, c’est d’être incapable d’en arriver à un plan clair et détaillé rapidement-avancer-reculer-ne pas être certain-oui-non-peut-être-que disent les sondages?
Oh!, et si les partis d’opposition menacent de défaire le gouvernement s’ils vont de l’avant avec une mesure “x”, ben qu’ils le fassent! Si on en arrive à la conclusion qu’il s’agit de la meilleure manière de garantir une pérennité à court, moyen et/ou long terme pour le Québec et qu’on en est convaincu, on ne devrait pas avoir peur de défendre son idée. Qui plus est, l’opposition saurait certainement dire à la population pourquoi, en grands défenseurs de l’économie qu’ils sont, pourquoi dépenser 80M$ du trésor public pour une élection est une bonne idée. Un peu de courage, bâtard!
Vous ais-je dit que pour un parti souverainiste, c’est assez timide comme discours en faveur d’un pays? “Ah, c’est vrai: ils sont souverainistes, eux!”
Morale de l’histoire: oui, c’est moins pire que le PLQ. Peut-être. Mais être “moins pire” que le gouvernement précédent n’a rien d’inspirant. La porte était pourtant grande ouverte à l’arrivée du PQ, le 4 septembre. Faudra que ce dernier se demande pourquoi il a couru à pleine vitesse dans le cadre de porte.
Quand à M. Bédard, président du Conseil du Trésor, il pourrait avoir la décence de se présenter avec les ministres quand il y a des coupes à annoncer, non? Après tout, c’est lui qui tient les cordons de la bourse mais laisse les ministres se défendre sans lui. C’est soit de la lâcheté, soit de l’incompétence. C’est cru, mais c’est ça.
Que disait René Lévesque, déjà, lors du congrès de fondation du Parti québécois?
«Nous sommes écoeurés des partis qui se promettent des guerres à la pauvreté puis les laisse tomber en même temps que leurs pancartes électorales une fois élus»! Dommage que la devise du Québec soit trop souvent à géométrie variable.
Jérôme Boucher