C’est par le biais de trois personnages — Émile, Francis et Ariane — que Pierre-Luc Landry nous offre un voyage, un chassé-croisé. Une histoire qui, comme le décrit si bien l’auteur, est « née du hasard ».
C’est avec le jeune Émile que notre voyage commence, et soyons honnête, ces dix premières pages sont pesantes, ce qui créé en nous un certain malaise face à ce jeune homme en pleine crise existentielle et au bord du suicide. Puis, Émile trouve chez Françis cette lettre signée Ariane. On comprend alors que leurs destins sont liés, que le temps est le pilier de leurs relations, que cette lettre n’est que le début. C’est ainsi que l’on devient avide de chaque lettre, chaque mot, chaque phrase.
Le simple exercice d’écriture n’est visiblement pas assez difficile pour Pierre-Luc Landry, puisque celui-ci a choisi de structurer et d’architecturer son roman en le divisant en trois parties. Dans la première partie se dessine le portrait de nos trois personnages, puis c’est dans la deuxième que le temps entre en jeu. Commence alors ce chassé-croisé ( d’une journée ) entre les personnages. Le voile se lève alors sur leurs destins croisés qui nous permettent de comprendre leurs relations. La troisième partie met fin à l’errance des personnages, comme si nos trois héros bouclaient la boucle en revenant à la source, leur source, leur terre d’origine qu’est le Canada, plus précisément la région de Montréal. Sans prétention aucune — au contraire, c’est plutôt fait avec modestie et simplicité —, chacun d’eux cherche à rendre le monde, leur monde meilleur, à lui donner du sens et à y laisser ne serait-ce qu’une mince, très mince empreinte.
Il y a quelque chose de très proustien de par les thèmes abordés : le sentiment d’échec, le temps, l’amour et l’homosexualité. Et quelque chose de très horacien aussi, de par le côté épicurien qui se dégage de la morale du roman. Pierre-Luc Landry signe un premier roman, entre réalité et fiction, qui sait nous convaincre par l’approche et par les émotions qu’il suscite en nous. En effet, l’auteur met le doigt sur les petites crises existentielles, plus ou moins graves, de chacun, faisant ainsi remonter en nous les moments les plus bas, les plus sombres, les plus difficiles, qui finalement nous auront permis de nous construire.
C’est en quelques lignes que l’auteur se livre à nous. Pour lui, « écrire est l’œuvre d’une vie. » Cela laisse présager, à ce jeune auteur, un bel avenir dans nos bibliothèques !
Anne Lebreton