Courtoisie: Vincent Champoux
Courtoisie: Vincent Champoux

Faut-il être vu pour exister ?

Semblance est un projet qui déborde du cadre de la scène pour exister sur le Web et dans les réseaux sociaux. Les destins de neuf personnages complexes se croisent et se répondent, et chacun tente d’exister dans le regard de l’autre.

Jeanne Couture

Courtoisie: Vincent Champoux
Courtoisie: Vincent Champoux

Tout le monde ( ou presque ) possède maintenant une prolongation de soi sur la toile. Cette excroissance technologique entraîne un brouillage des frontières entre la vérité et le mensonge. Les frontières entre la vie publique et privée sont floues, il est facile de présenter au monde la face qui flatte le plus notre ego. Semblance nous propose d’explorer ces questionnements identitaires sur le pastiche et les faux-semblants en utilisant comme prétexte le lancement du site de Paul et Patricia, des conférenciers sur les relations conjugales. Les neuf personnages incarnent un aspect de notre réflexion identitaire dans un monde envahi par l’omniprésence d’Internet. Particulièrement révélatrice sur nos habitudes de consommation des médias sociaux et de nos relations avec l’Autre, la pièce touche particulièrement la génération Y : celle qui a grandi avec le numérique.

Entre la web série, la téléréalité et le théâtre, Semblance présente une toute nouvelle manière d’approcher les relations entre les spectateurs et les comédiens. Un personnage de théâtre peut-il, lui aussi, partager son quotidien sur Facebook ou sur Twitter ou blogger avec ses fans ? C’est ce que nous propose l’équipe de production de Nuage en pantalon, car on peut suivre les plateformes Web des personnages devant notre écran, dans un univers à la limite du vrai et du faux.

Dans cette optique, le personnage de Simon est particulièrement bien construit. Il confronte constamment le spectateur à sa propre présence dans la salle, entretenant la mince ligne entre fiction et réalité. Il brise complètement le 4e mur, s’adressant directement au public. Il le fait entrer dans son jeu, créant des malaises volontaires qui laissent les spectateurs sur le bout de leurs sièges.

Le jeu et la mise en scène de ce thème étaient risqués, voire audacieux, mais les défis sont relevés avec brio par la brochette de comédiens de la relève, la mise en scène novatrice et la scénographie ingénieuse.

Semblance, une pièce qui porte une réflexion sur la tyrannie de l’image dans un spectacle ludique et plein d’ironie, d’humour et de clins d’œil théâtraux. À voir au théâtre Périscope jusqu’au 7 avril.

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