Il n’y a pas si longtemps, une chroniqueuse de l’Actualité implorait qu’on fasse taire Jacques Brassard ; elle n’était visiblement pas d’accord avec ses idées. En lisant cet appel, Daniel Laprès, des Éditions Accent Grave, se choquait de voir un tel refus de débattre loyalement. Il a donc rejoint M. Brassard pour l’inviter à écrire un livre afin de le laisser parler. Après quelques hésitations – « J’ai déjà pensé publier, mais à mon âge, l’orgueil me poussait à ne pas risquer de refus », a-t-il confessé –, il a accepté d’écrire Hérésie, livre reflétant bien le ton du livre, soit un qui va à contre-courant de ce que M. Brassard qualifie de bien-pensance généralisée. Il a lancé ce livre le 18 mars dernier à Québec, dans un événement organisé par le Réseau Liberté Québec.
Un des exemples de bien-pensance qui le touche directement est cette volonté du Québec de vouloir un registre des armes à feu. « Quand on veut une arme, on doit déjà acquérir un permis, et ce dernier est fiché, affirme l’ancien ministre péquiste. Pourquoi créer un autre registre ? À Ottawa, lors de l’abolition du registre fédéral, il y a eu un débat. Ici à Québec, les 125 députés semblent tous unanimes sur la nécessité d’un tel registre ; personne ne représente les chasseurs, dont je fais partie », déplore-t-il.
La religion verte
Une autre hérésie de Jacques Brassard qui fait beaucoup jaser est son climato-scepticisme – il remet en question l’influence humaine sur les changements climatiques. Déjà, quand il était ministre aux ressources naturelles et à l’environnement ( entre 1998 et 2002 ), il remarquait l’intransigeance de plusieurs écologistes. « On a voulu amener le gouvernement en justice parce qu’on voulait limiter certains pouvoirs de la Régie de l’Énergie », se rappelle-t-il.
Avec les années, il s’est aperçu, comme c’est le cas avec un registre québécois des armes à feu, que le débat sur le réchauffement/changement/dérangement climatique est inexistant au Québec. « Quand on prend la peine de se renseigner ailleurs, on peut voir qu’il n’y a pas de consensus ; il a été décidé par le GIEC [groupe de l’ONU dont la tâche est d’étudier l’influence humaine sur le climat ] », avance M. Brassard. Cet organisme semble avoir une loyauté envers les groupes écologistes comme Greenpeace, qui influencent le GIEC. Quand une science se ferme et qu’elle affirme que le débat est clos, elle n’est plus une science et stagne, comme c’est le cas avec la science climatique depuis les années 80.
« Au Canada anglais, deux scientifiques ontariens ont démontré que la courbe en bâton de hockey ( qui montrait un réchauffement dramatique durant les 50 dernières années ) était fausse. Aux États-Unis et en France, plusieurs scientifiques dissidents du » consensus » osent s’affirmer sur la place publique. Mais au Québec… Il semble qu’il n’y ait que Reynald Du Berger, géologue à l’UQAC, qui ose élever sa voix contre la
bien-pensance écologiste. »
Toutefois, le monde de Jacques Brassard n’est pas tout noir. « Il existe enfin une contestation : le RLQ, les carrés verts, Joseph Facal, Mathieu Bock-Côté et bien d’autres, se réjouit-il. Ils n’ont pas brisé la domination gauchiste, mais ils font finalement entendre leurs voix, ce qui aurait été impensable il y a cinq ou dix ans. »
Pierre-Guy Veer