Tout commence lorsqu’un jeune poète acadien demande à un ami de déposer son recueil de poésie en plein désert du Nouveau-Mexique. Les choses se mettent en branle après un attentat dans une gare de train en France. Où est le lien ? Qu’est-ce qui raccorde ces deux événements ? Le hasard, la coïncidence et, surtout, le destin. Le premier roman de Fredric Gary Comeau propose huit personnages très différents les uns des autres. Ces derniers devront affronter leur destin lourd et tortueux tout en faisant face à leurs propres vertiges, qui les retiennent, les propulsent et les motivent. Il s’agit de protagonistes étranges, originaux et parfois saugrenus. On y trouve, par exemple, un acrobate argentin qui souhaite devenir romancier, un gynécologue de descendance égyptienne aux pulsions sadiques ou encore une jeune femme ravissante qui cherche la vérité à travers ses nombreuses pérégrinations. Se développe au fil des pages un réseau de personnages qui seront tous entrecroisés par amitié, par amour ou… par simple hasard.
Vertiges se démarque par son érotisme cru, parfois sensuel et souvent sauvage : c’est littéralement la sexualité qui fait avancer l’intrigue principale. Tous les personnages semblent effectivement obsédés par leurs désirs charnels. Ils sont souvent déchirés, torturés et destructeurs à leur manière. On y trouve, cependant, autant de romance que de perversion.
Chose certaine, c’est un roman qui sait faire réagir ses lecteurs. Vertiges est aussi doté d’une violence profonde — qui se trouve en lien étroit avec l’érotisme. On ne parle pas ici de violence proprement physique, bien que ce soit parfois le cas. Tous les personnages sont poussés par des pulsions qui perturbent autant leurs émotions que leurs vies et qui les mènent à vivre des situations improbables.
La plume de Fredric Gary Comeau est d’une beauté rare. Étant auteur-compositeur-interprète de formation, on note immédiatement l’influence de la musique dans son écriture. L’auteur met en évidence la musicalité du langage avec expertise : le texte est toujours très rythmé, fluide. Une place importante est aussi accordée aux arts visuels. De fortes images hantent le lecteur, que les scènes aient lieu dans le désert ou à l’intérieur d’une cathédrale. Fredric parvient même à mettre en images des choses audacieuses et inhabituelles telles que les langues et les mots. Son style est véritablement original.
Mais il y a un élément du roman qui peut être agaçant : les personnages que nous présente l’auteur ne sont pas toujours attirants. Ironiquement, ils sont parfois ennuyants malgré leur originalité. Froids, distants ou dénués de profondeur, ils vous choqueront peut-être par leurs comportements souvent dégradants. N’empêche que Vertiges est un bouquin qui se lit rapidement et agréablement et dont la grande finale saura vous bouleverser.
Genève Rousseau