Même si l’indépendance du Québec semble à l’arrière-plan de la joute politique québécoise depuis quelque temps, la pertinence d’en parler, elle, ne se tarit pas. C’est du moins l’avis des organisateurs de la semaine de l’indépendance à l’Université Laval, qui se déroule du 21 au 26 novembre.
Avec plusieurs conférences offertes par divers membres de la classe civile et de la sphère politique, les occasions seront nombreuses pour discuter et débattre du projet souverainiste.
Pour plusieurs jeunes, l’indépendance du Québec est le projet d’une génération passée. Aujourd’hui, puisque nous sommes en 2016, le projet indépendantiste serait devenu aussi bien périmé qu’anachronique.
Pourtant, quoiqu’on dise et quoiqu’on fasse, « c’est un débat de fond qui n’a jamais été réglé [et] qui empêche toute discussion au niveau politique. Tant que cet aspect n’[aura] pas été traité, on [aura] pas la latitude pour aborder d’autres enjeux » explique Maxime Ouellet, coorganisateur de l’évènement.
Un enchevêtrement politique encore irrésolu malgré la tenue des deux derniers référendums puisque le Québec n’a toujours pas intégré pleinement le fédéralisme canadien. En effet, « [Bien qu’elle] s’applique sur nous, on n’a jamais signé la constitution canadienne. Ça fait trois fois qu’on fait des tentatives de réforme [du système fédéral canadien] et elles ont échoué. », rappelle Éric Blouin, coorganisateur de l’évènement.
Saisir l’importance du débat
L’évènement se veut une opportunité d’initier les étudiants au débat entourant l’indépendance du Québec et de montrer l’insuffisance du statu quo actuel. « Tous les étudiants à l’Université aujourd’hui n’ont pas vécu le débat de 1995, constate pour sa part le membre du comité Gabriel Laurence-Brook. Depuis 20 ans, personne ou presque n’en a fait la pédagogie à large échelle et il y a donc un large terrain en friche qui a été négligé malheureusement. »
L’émergence de nouvelles réalités légitimerait d’ailleurs d’autant plus le questionnement autour d’un tel projet politique. « On n’est pas indépendantiste en 2016 pour les mêmes raisons qu’on l’était avant, poursuit l’étudiant au baccalauréat en économique. En 1995, personne ne parlait d’environnement, alors qu’aujourd’hui, c’est l’une des principales raisons pour laquelle on devrait faire l’indépendance. » Un Québec souverain pourrait mieux répondre à d’autres enjeux actuels comme le libre-échange et la mondialisation, selon lui.
Susciter l’intérêt de tous les étudiants
L’un des défis organisationnels réside dans l’intérêt que portent les étudiants envers cet enjeu politique. Afin qu’un grand nombre d’entre eux y participent, les organisateurs ne souhaitaient pas en faire un rassemblement partisan. Il ne s’agit pas, autrement dit, d’un regroupement d’étudiants ayant déjà un avis favorable sur la chose.
« On a pris la peine que ce soit non partisan, c’est un aspect important. Souvent les gens disent que l’indépendance, c’est une affaire de péquistes. Il faut sortir de ce cadre-là. Ça a vraiment un but informatif parce que toute notre génération n’a pas été éduquée sur ce sujet », explique Félix Pelletier-Belzile, quatrième et dernier coorganisateur. Ainsi, parmi les huit conférences offertes, seulement deux sont de nature partisane.
D’ailleurs, les conférences non partisanes qui sont offertes portent sur des éléments de réflexion généralement peu abordés au sein du débat indépendantiste. C’est dans cette optique qu’une table ronde portant sur la place de la communauté anglophone dans le mouvement souverainiste est organisée. « On essaie de cibler les gens avec une conférence spécifique moins partisane et on espère, par cette conférence, éveiller leur curiosité pour les autres », indique Éric Blouin.
Participation de OUI-Québec
Principal partenaire de l’évènement, Les Organisations Unies pour l’Indépendance (OUI-Québec) de la Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches financent la moitié des dépenses.
Fier de ce partenariat, Gabriel Laurence-Brook décrit la formation politique comme une « organisation de la société civile et non partisane, qui a pour origine la refondation du Conseil de la souveraineté (CSQ) ».
Regroupant plusieurs organisations et citoyens, OUI-Québec travaille à l’avènement de l’indépendance du Québec en valorisant « surtout sur la convergence des partis indépendantistes », ajoute l’étudiant.