Photo : Danika valade

41e édition de la SAAC : Expliquer aujourd’hui pour mieux nourrir demain

Ce sont 300 étudiants qui se sont affairés à vulgariser un monde agricole méconnu de plusieurs lors de la 41e édition du Salon de la Semaine de l’agriculture, de l’alimentation et de la consommation (SAAC). C’est cette relève qui a su, du 15 au 17 janvier, amener son savoir universitaire sur le plancher des vaches.

Lorsqu’on parle de la relève en agriculture, plusieurs ont en tête l’image du fils ou de la fille d’agriculteur dont la vocation est de prendre les rênes de l’entreprise familiale. Selon Diane Parent, professeure à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation, le nombre de candidats motivés à prendre la relève de la ferme familiale n’est suffisant pour assurer la pérennité de chacune des fermes au Québec.

Une relève plus éduquée

« Un jeune qui s’établit aujourd’hui avait des parents et des grands-parents qui devaient laisser l’école pour faire de l’agriculture. Aujourd’hui, ce jeune doit aller à l’école pour faire de l’agriculture », note Mme Parent.

Photo : Danika Valade
Photo : Danika Valade

La taille des fermes actuelles demande à son propriétaire une formation en techniques agricoles et en gestion pour pouvoir subsister dans le milieu. Plusieurs étudiants, comme Mathieu Noël, l’ont bien compris. Celui qui présentait les bovins de boucherie lors du Salon est allé décrocher une formation technique en gestion agricole avant d’entamer un baccalauréat en agronomie.

Mathieu, qui souhaite diriger plus tard la ferme familiale, comprend la plus-value qu’apportent les études universitaires. Selon lui, en attendant d’avoir un troupeau suffisant pour que la ferme soit viable économiquement, « pouvoir signer [en tant] qu’agronome est un gros plus sur le marché du travail ».

Cette volonté de s’instruire est reflétée par les effectifs des programmes d’agriculture au Québec. Christian Dubois, sous-ministre associé à la formation bioalimentaire du Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) affirme qu’on assiste à une hausse du nombre d’inscriptions à l’Institut de technologie agroalimentaire (ITA). Il en va de même pour le programme d’agronomie de l’Université Laval qui montrerait une recrudescence annuelle du nombre d’inscriptions depuis 5 ans, pour atteindre 393 inscriptions l’automne dernier.

Et les femmes dans tout cela ?

Mme Parent affirme que si la relève familiale est présentement surtout masculine, les femmes se taillent graduellement leur place en agriculture. Selon les chiffres du Service de gestion des études du programme d’agronomie, 69,5% des étudiants inscrits au programme à l’automne 2015 étaient des femmes, ce qui représenterait une hausse par rapport à il y a environ 5 ans où elles ne constituaient que 60% de l’effectif étudiant.

Les étudiantes ont plus de confiance à leur entrée dans le milieu agricole. « Il y a de plus en plus de femmes dans le programme d’agronomie, donc j’ai l’impression que l’idée que la femme peut être persistante et compétente dans le métier, c’est déjà présent », note une étudiante à propos de son intégration sur le marché du travail.

Quoi qu’il en soit, nombre de questionnements et d’incertitudes sont soulevés par les étudiants rencontrés. Les origines citadines de certains nuiront-elles à leur acceptation par les fermiers qui pratiquent depuis longtemps? La théorie acquise sur les bancs d’école sera-t-elle suffisante devant l’expérience souvent pratique que demandent les employeurs? Tant de défis qu’aura a surmonter cette relève afin d’accomplir ce que Jean-Claude Dufour, doyen de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation, qualifie de « plus beau geste qu’on peut faire au monde » : le nourrir.

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