La campagne de la FEUQ a été lancée le 27 octobre, avec une plate-forme dont plusieurs revendications sont identiques à celles adoptées par la CADEUL en septembre 2007. Toutes deux réclament l’indexation des frais de subsistance admis dans le calcul des prêts et bourses, l’élimination de la prise en compte des pensions alimentaires dans les revenus des étudiants parents ainsi que le réinvestissement des fonds issus de la défunte Fondation des bourses du millénaire dans l’AFE.
Quelques revendications diffèrent. La FEUQ est la seule des deux à demander l’ajustement de la grille de contribution parentale. Actuellement, une famille dont le revenu est de 30 000 $ doit contribuer aux études de ses enfants, selon le Comité consultatif sur l’accessibilité financière aux études, cité par la FEUQ. Or, 61% des bénéficiaires du programme de prêts et bourses ne recevraient aucune aide de leurs parents. La proposition feuquienne est de relever le seuil de cette contribution à 45 000 $, comme ailleurs au Canada.
De son côté, la CADEUL revendique, seule, la hausse du nombre de sessions d’admissibilité à l’AFE. Actuellement, un étudiant qui poursuit des études de premier cycle peut cumuler 39 mois d’aide financière.
Indexation des frais de subsistance
Néanmoins, force est de constater que les étudiants ont plusieurs préoccupations communes, comme l’indexation des frais de subsistance admis au calcul de l’AFE. Actuellement, on considère qu’un étudiant qui doit partir de sa région pour étudier à l’Université vit avec 740 $ par mois, incluant le loyer, l’épicerie, le transport, les vêtements et les loisirs.
La FEUQ, conjointement avec la Fédération étudiante collégiale du Québec, dénonce ce qu’elle considère comme une sous-estimation des coûts réels : «Par exemple, l’aide financière prévoit qu’il faut dépenser moins de sept dollars par jour pour se nourrir; soit moins qu’il n’en faut pour acheter le menu du jour dans une cafétéria», a dénoncé Xavier Lefebvre Boucher, président de la FECQ, par voie de communiqué.
Les fédérations étudiantes proposent d’augmenter les frais de subsistance admis à 860 $ par mois, incluant des frais de transport pour ceux qui ne peuvent marcher jusqu’à leur institution d’enseignement, ainsi que des frais pour la connexion à Internet.
Ensuite, il faudrait indexer le coût des frais de subsistance admis à l’Indice des prix à la consommation, estime la Fédération, une revendication aussi portée par la CADEUL. D’ailleurs, la ministre de l’Éducation elle-même avait avoué que le gouvernement du Québec avait épargné 71 M$ sur le dos des étudiants entre 2003 et 2007 en sous-estimant ces coûts. La CADEUL, elle, réclame le versement rétroactif de ce montant à l’AFE.
Cavaliers seuls
Les positions pragmatiques défendues dans cette campagne évoquent le souci d’obtenir des résultats, selon le président de la FEUQ, David Paradis. «L’aide financière aux études s’adresse surtout aux plus démunis, souligne-t-il. On sent qu’on est dans un contexte qui semble se diriger vers une crise économique… Certains projets seront plus difficiles à réaliser financièrement, comme fonder une famille, acheter une maison : c’est donc un problème sérieux, de fond. Pour sortir la tête de l’eau à long terme, il faut qu’on ait des diplômés. Ce serait dommageable de diminuer l’accès aux études dans ce contexte.»
David Paradis souhaite faire un projet rassembleur de ses revendications : «Le but, c’est qu’on aille chercher l’appui des différents groupes sociaux pour qu’il y ait plusieurs porteurs de ballon», souligne-t-il. Néanmoins, aucune communication n’a lieu entre la Fédération qui regroupe 120 000 étudiants et celle de l’Université Laval, désaffiliée de la Fédération en 2005, qui compte 28 000 membres. Questionnés sur le sujet, les deux présidents restent prudents : «On veut travailler avec tous ceux qui veulent travailler pour les étudiants», soutient David Paradis, alors que son homologue de la CADEUL, Simon Bérubé, déclare : «On est ouverts». Or, selon les informations recueillies par Impact Campus aucune approche n’a été faite d’un côté comme de l’autre, alors que des élections provinciales devraient être déclenchées sous peu.
Si elle reste une préoccupation de chaque fin de mois pour plusieurs étudiants, la question de l’AFE n’est pas à l’ordre du jour au ministère de l’Éducation, croit Simon Bérubé : «La ministre semble croire que le plaster qui est venu avec le dégel suffit. J’oserais dire qu’elle ne semble pas très ouverte à améliorer le sort des universités et des étudiants». Le ministère de l’Éducation n’a pas retourné les appels d’ Impact Campus.