Accompagnée de 52 étudiants en sciences naturelles et de 18 chercheurs provenant de divers pays, Marianne Mathis a participé à la première expédition universitaire en Antarctique, du 12 au 28 février dernier. Le but était de découvrir l’impact des changements climatiques sur la fonte de la banquise antarctique. Au travers des cours donnés lors de l’expérience, l’étudiante lavalloise s’est concentrée sur la glaciologie. L’équipe d’étudiants et de chercheurs à donc fait quelques analyses qui seront mesurées sur un an.
L’aspect le plus marquant de son expérience n’a pourtant pas été ses différentes observations sur les glaciers, mais bien l’aspect touristique auquel elle était confrontée tous les jours. Elle avoue avoir été perturbée par cette réalité : «C’est traumatisant de se rendre compte qu’un endroit qui est supposé être vierge et sauvage devient de plus en plus une industrie. En entrant dans la boutique de souvenirs, je me suis aperçue que la consommation se rendait jusqu’ici. Les gens doivent se procurer des souvenirs pour prouver leur passage en Antarctique!» Environ vingt-six mille touristes visitent le pôle Sud chaque année. Il n’existe actuellement aucune réglementation en ce qui a trait au tourisme, mais Mme Mathis croit que ce serait important de mettre des quotas étant donné la fragilité de l’écosystème. «Le lichen, par exemple, prend des centaines d’années à se constituer. Les touristes ne sont pas toujours au courant, ils marchent dessus et l’écrasent. Ils ne se rendent pas compte de l’impact de leurs gestes.» Néanmoins, l’industrie touristique apporte certains aspects positifs pour les espèces animales. Les manchots, loin d’être peureux, se sont habitués aux gens et résident près de la boutique souvenirs. Par conséquent, les skuas (oiseaux) ne viennent plus manger les jeunes manchots, ou les œufs, puisque la présence de nombreux touristes les effraie.
Poursuivre sur sa lancée
Bien que l’aventure n’ait duré que deux semaines, Marianne Mathis la considère comme une phase préparatoire qui lui permet maintenant de transmettre le message au Québec. «C’est certain que ça nous donne une crédibilité d’être allés en Antarctique. Et c’est important de savoir que ce sont les pôles qui régulent notre climat.» En effet, lorsque la neige fond,
il y a moins d’albédo (la surface où la lumière peut se refléter), donc ce sont les océans qui absorbent la chaleur. Dans ses multiples projets à venir, Mme Mathis et une de ses collègues prévoient continuer de donner des conférences pour différents publics cibles. Elles envisagent aussi la publication de livres pour enfants. «On veut donner le goût aux gens de protéger
la nature; c’est ce qu’on fait ici qui va avoir une influence sur les pôles», déclare l’étudiante en géographie, qui donnera une conférence à l’Université Laval le 21 avril prochain.