La culture Harper

PHOTO: Courtoisie

Photo: AnonymeÀ court de moyens pour forcer ses adversaires à défaire son gouvernement, Harper et sa bande en rajoutent. Deux programmes fédéraux d’aide à la culture viennent également d’être rayés de la liste de subventions du gouvernement. D’abord le programme PromArt, qui relevait du ministère des Affaires étrangères. Ce dernier permettait aux artistes canadiens d’obtenir des fonds afin de partir en tournée à l’étranger.

Dans un élan d’honnêteté fidèle aux valeurs chrétiennes, le gouvernement Harper a avoué qu’il n’entendait plus subventionner des artistes marginaux qui ne sont pas de «fiers représentants du Canada à l’étranger». Holy Fuck, qui sera d’ailleurs du Show de la rentrée de l’Université Laval, est cité par le gouvernement en exemple de cette marginalité tant redoutée. Le programme des Routes commerciales, qui fournissait aux artistes canadiens, des subventions leur permettant de promouvoir leur art à l’étranger et ainsi favoriser le placement d’œuvres culturelles canadiennes à l’international, est mort de sa belle mort quelques semaines plus tard.

Mais dites-nous sans rire Monsieur Harper. Qu’est ce qui nuit le plus à l’image de l’ancien «plus meilleur pays au monde». Une bande de jeunes artistes de musique électro qui ose mélanger sainteté et sexe dans leur appellation, ou bien l’image d’un jeune canadien d’origine afghane qui croupit dans l’une des pires prison du monde? Les images de l’interrogatoire imposé au jeune Omar Khadir par les Services canadiens du renseignement de sécurité ont fait le tour du monde. Enfant-soldat, Khadir est accusé par les Américains d’avoir tué un de leur soldat en 2003.

Qui peut reprocher à un jeune de 14 ans un tel crime alors qu’une multitude de facteurs familiaux et culturels difficilement compréhensibles entrent dans l’équation? Le jeune Khadir est le seul détenu occidental de ce triste endroit à ne pas avoir été rapatrié par son pays. En soutenant le gouvernement américain dans cette démarche aussi irrationnelle que contraire à tous les idéaux de la démocratie, le gouvernement canadien soutient tacitement la honte qu’est Guantanamo.

Tout pour enlever la crédibilité du Canada lorsque vient le temps de discuter de doits humains lors des grandes rencontres internationales. Peut-être Holy Fuck a-t-il servi de prétexte pour abolir le programme PromArt, mais le jeune Omar Khadir servira de prétexte aux pays que le Canada sermonnent pour faire la sourde d’oreille lorsque viendra le temps d’aborder la question des droits humains.

 

Auteur / autrice

Consulter le magazine