Attestation d’inscription officielle : Fin de la gratuité

L’Université Laval était une des dernières universités à remettre gratuitement les attestations d’inscription officielles à ses étudiants. Depuis septembre 2015, les étudiants ayant besoin de ces documents officiels doivent débourser la somme de 10 $ ou de 15 $ s’il s’agit d’un document à remplir provenant de l’extérieur. La CADEUL et l’ÆLIÉS affirment que les étudiants n’ont jamais été consultés.

Mathieu Massé

L’attestation d’inscription officielle est un document qui peut servir à plusieurs fins pour les étudiants de tous les cycles. Le fait de facturer un montant est tout à fait arbitraire selon les présidents de la CADEUL et l’ÆLIÉS, Thierry Bouchard-Vincent et Stéphane Lebrun. Pour eux, il s’agit d’un frais institutionnel obligatoire (FIO) qui serait en quelque sorte caché aux étudiants.

Pour être considéré comme un frais institutionnel obligatoire, ledit frais doit être indiqué sur la facture de tous les étudiants. Une augmentation ou un ajout à ces frais doit donc être voté par les étudiants. « L’interprétation de l’Université est que, comme ce n’est pas universel, au sens que tous les étudiants n’ont pas à payer ces frais-là au même moment, il ne s’agit pas de FIO », résume le président de la CADEUL, Thierry Bouchard Vincent. Il rappelle toutefois que pour certains étudiants, ces frais sont obligatoires. Il cite les étudiants étrangers, entre autres, qui pour avoir un permis d’études, ont besoin de cette attestation.

Le président de l’ÆLIÉS, Stéphane Lebrun, rappelle qu’auparavant les FIO englobaient le prix de ces attestations, ce qui n’est tout simplement plus le cas. « À tout moment, qu’il soit au premier, deuxième ou troisième cycle, l’étudiant va avoir à faire face à ces frais-là, de manière obligatoire et imposée. C’est donc un frais duquel l’étudiant ne peut pas se soustraire », explique-t-il.

Stéphane Lebrun affirme savoir qu’il y a eu des coupes dans le budget du registraire et semble s’avancer sur le fait que l’ajout de ces frais vient pallier à ces restrictions budgétaires. M. Lebrun fait donc la somme : « On paye plus pour avoir moins ! »

Du côté son côté, Danielle Fleury, la registraire de l’UL, s’est contentée d’une courte réponse par courriel. « La révision de nos façons de faire inclut également la vigie de ce qui se fait dans les autres universités. L’UL est parmi les dernières universités à exiger des frais pour l’obtention d’attestations d’inscription officielles. Le tarif établi est tout à fait comparable à celui des autres établissements. L’attestation est fournie sur demande seulement et selon les données dont nous disposons, ne sont demandés que par 25 % des étudiants inscrits au cours de l’année universitaire. »

En effet, en comparant avec les différentes universités québécoises, on peut noter que les coûts pour obtenir ces documents officiels sont plutôt similaires. L’Université du Québec à Montréal demande 10 $, peu importe s’il s’agit d’un document externe à remplir ou à imprimer directement de leurs dossiers. De son côté, l’Université du Québec à Rimouski ne demande que 5 $ par document. L’Université de Sherbrooke demande 7 $ pour l’impression d’une attestation et, comme l’UL, 15 $ pour remplir un document provenant de l’externe.

Mme Fleury s’est toutefois dite consciente que ces changements pouvaient apporter certains désagréments pour les étudiants. Elle a affirmé que des révisions pourraient être apportées au cours des prochaines sessions, sans donner plus de détails.

Des frais qui compliquent les choses

Chanel Garceau était jusqu’à tout récemment responsable de l’embauche étudiante à la fonction publique québécoise. Elle avoue que ces frais n’aident pas du tout à son travail. « Au gouvernement, on demande une preuve parce que c’est la condition d’embauche et de maintien d’emploi d’être inscrit dans un domaine précis et à temps plein. On doit s’assurer que les étudiants sont inscrits et qu’ils n’abandonnent pas leurs cours, d’où les deux fois session », explique-t-elle.

Elle ajoute que les étudiants ne veulent pas payer et qu’ils finissent par fournir des preuves d’études bidon qui, pour le ministère, ne valent rien du tout. S’il n’y a pas le sceau du registraire, elle ne peut rien faire, explique Mme Garceau.

L’ancienne étudiante complète que pour elle, 10 $ c’est rire des étudiants : « Je considère normal le fait qu’on doive payer pour le sceau, mais 2 $ aurait suffi pour décourager les “abuseurs” de demandes. »

De son côté, Sara Le Guern estime incongru de faire payer les étudiants pour ce genre d’attestation. Elle explique que pour une demande de bourse ce document est essentiel: « Qui dit demande de bourse, dit qu’on n’a pas forcement les moyens de payer 10 dollars pour un papier ».

 

 

Auteur / autrice

  • Mathieu Massé

    Je suis bachelier en journalisme et détenteur d'un certificat en science politique de l'Université Laval. Je fais du journalisme depuis aussi longtemps que je me souvienne. Anciennement chef aux actualités et aux sciences et techno à Impact Campus. Maintenant recherchiste à MAtv et pigiste dans différents médias, je n'arrête pas souvent de travailler. Quand c'est le cas, c'est pour m'empiffrer de série télé et des nouvelles découvertes que Netflix m'envoie en pleine figure.

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