La semaine de la diversité sexuelle de l’Université Laval aura lieu du 31 mars au 2 avril prochain. Une multitude d’activités de sensibilisation aux enjeux LGBTQ2+ seront offertes à la communauté universitaire dans l’atrium Jean-Guy Paquet du pavillon Desjardins. Il s’agit d’une « façon de briser la glace et de changer les mentalités », puisque, selon Laurent Francis Ngoumou, co-président de l’Association pour la diversité sexuelle et de genre de l’Université Laval (l’ADSGUL), il y a encore du travail à faire sur le campus.
L’ADSGUL, fondé en 1978, est l’un des plus anciens groupes gais universitaires toujours actifs au Québec. Voulant célébrer la diversité sexuelle, le groupe est aussi ouvert aux membres du personnel, aux non-étudiants, aux personnes transgenres et aux hétérosexuels. L’organisme offre des conseils, organise des activités de rencontre, défend les droits des étudiants LGBTQ2+ sur le campus et bien plus.
Encore et toujours du travail à faire
Profitant d’un moment avec un étudiant connaissant bien la situation terrain, je me suis questionné sur la réalité des membres de la communauté LGBTQ2+ sur le campus. Voici ce qu’il avait à dire sur le sujet.
« Sur le plan légal, administratif et du discours [le campus est tolérant face aux enjeux LGBTQ2+], mais il existe un grand fossé entre le discours de l’Université, les décisions administratives et la réalité », m’explique Laurent Francis Ngoumou.
Le doctorant à l’école de travail social et de criminologie, croit qu’il y a encore du travail à faire sur le campus autant au niveau de la communauté universitaire que de l’administration. Une foule d’étudiants et d’étudiantes passe ainsi à son bureau pour raconter leurs histoires et leurs expériences personnelles. Des situations parfois problématiques dans les résidences, du vandalisme sur des affiches dénonçant l’homophobie, des agressions verbales perpétrées par d’autres étudiants, étudiantes sur le campus, l’utilisation de deadname par le corpus professoral et le manque de toilettes non genrées sur le campus sont tous des difficultés qui font partie du quotidien de plusieurs personnes LGBTQ2+ lavallois et lavalloises.
« La violence n’est plus physique, elle est psychologique », déclare le co-président de l’ADSGUL. Les chuchotements, les regards de travers, les ricanements, les stigmatisations perpétuelles sont encore bien présents sur le campus selon le principal intéressé.
Il déplore aussi la lenteur des procédures administratives de l’université. « Il y a trop de bureaucratie. La communication n’est pas bonne. De plus, nous ne sommes pas représentés dans la CADEUL et dans l’AELIÉS », difficile de se faire entendre, ajoute-t-il.
Pourtant, de simples gestes pourraient faire une énorme différence m’explique-t-il : « Ça commence par de grandes campagnes de sensibilisation et se poursuit avec des petits gestes pouvant réduire l’hétéronormativité du campus. Rendre tous les formulaires et les communications de l’Université Laval inclusifs serait un bon point de départ ».
Finalement, Laurent Francis Ngoumou croit que l’Université Laval est en retard sur les autres universités québécoises comme l’Université de Sherbrooke, l’UQAM et l’Université de Montréal, surtout en ce qui a trait à l’aide psychologique offerte aux membres de la communauté universitaire. « Pour l’instant, l’aide psychologique offerte sur le campus n’est pas adaptée à la communauté LGBT, les gens qui sont là sont bien compétents, mais ils n’ont pas été formés spécialement pour les enjeux LGBT. Nous devons parfois diriger des étudiants vers Montréal. Ce n’est pas donné à tous ».
Commentaires de l’Université
Différentes initiatives et actions sont menées sur le campus au chapitre des diversités sexuelles et de genre. Voici quelques exemples d’actions et de gestes posés par l’Université Laval.
- L’adhésion à la Charte Dimensions en matière d’équité, diversité et inclusion, mise de l’avant par le gouvernement du Canada, en juillet dernier. Ce programme vise à rehausser la diversité du milieu de la recherche et améliorer l’inclusion des personnes appartenant à des groupes sous représentés, à savoir les femmes, les peuples autochtones, les personnes en situation de handicap, les minorités visibles, les groupes racisés et la communauté LGBTQ2+.
- Un conseiller à la vie étudiante du BVE travaille présentement en étroite collaboration avec l’ADSGUL afin de les appuyer dans la mise sur pied d’activités associatives et parascolaires. L’an dernier, la Direction des services aux étudiants a déposé conjointement avec l’ADSGUL une demande de subvention auprès du MEES pour soutenir des activités de lutte contre l’homophobie, subvention reçue qui a permis la bonification de la programmation de La Semaine de la diversité sexuelle et de genre de l’Université Laval 2019. L’Université Laval a réitéré une demande cette année et est en attente toujours en attente d’une réponse.
- Le Centre d’aide aux étudiants s’affiche comme étant un allié contre l’homophobie et la transphobie. L’équipe de professionnels maintient à jour ses connaissances afin d’intervenir le plus adéquatement et le plus efficacement auprès de cette population. Un texte ayant pour titre La diversité sexuelle et de genre sera mis en ligne sous peu afin de bonifier l’offre du site Internet du Centre d’aide.
- 44 toilettes neutres sont disponibles sur le campus, dont 41 au sein des principaux pavillons d’enseignement. Des toilettes neutres sont disponibles dans 12 des 14 principaux pavillons d’enseignement. Celles-ci portent l’indication « Toilette », cette appellation est convenue de concert avec l’ADSGUL
L’Université Laval tient à rappeler qu’elle a déposé une demande au Conseil national de recherches Canada afin de sensibiliser ce dernier à la nécessité de moderniser Le Code national du bâtiment qui impose un nombre de toilettes spécifique pour les hommes et pour les femmes, et ce, par bâtiment en fonction de l’usage et de la capacité d’accueil.