« Je me vois ici comme étant un représentant de la communauté des hydrologues, venant propager la nouvelle sur ce qui nous attend du côté de la plus importante ressource de la province : l’eau », a déclaré le professeur adjoint du département de génie civil et de génie des eaux, Daniel Nadeau, en lançant sa conférence, le 24 mars dernier à l’Université Laval.
Intitulée Impacts des changements climatiques sur les ressources hydriques du Québec, la présentation était organisée de concert par le Projet étudiant en gestion de l’eau (PÉGEAUX) et par le Centre de recherche sur l’eau (CentrEau). L’objectif : tracer un portrait global des enjeux liés aux changements climatiques et à l’eau, ou « l’or bleu », comme l’enseignant se plait à l’appeler.
« Les changements climatiques font en sorte qu’il y aura plus d’eau dans le nord du Québec », déclare-t-il. Il attribue notamment cette augmentation à la diminution des jours de gel et à une augmentation prévue des précipitations, plus prononcée dans les régions de plus hautes latitudes.
Cela mène à des variations des débits de l’eau dans les rivières. « On s’attend à une augmentation plus marquée des débits moyens dans le Nord. On parle de 10 % à 12 % de plus, d’ici 2050 », poursuit M. Nadeau.
Il raconte que cette nouvelle avait d’ailleurs fait des heureux chez Hydro-Québec, qui y voit un potentiel énergétique accru. Le PDG de l’entreprise d’État avait notamment dû corriger le tir, à la suite d’une sortie médiatique controversée, pour réaffirmer le désir d’Hydro-Québec de combattre les changements climatiques.
Dans le sud du Québec, les prévisions sont différentes. « Dans les plus basses latitudes, on s’attend à ce qu’il y ait plus d’eau l’hiver, mais moins l’été », révèle le conférencier. Selon les études qu’il cite, les périodes de crues printanières seront devancées et les débits hivernaux tendront à augmenter à cause des températures plus chaudes. Alors qu’en été, les périodes de bas débit auront tendance à durer plus longtemps.
Importance particulière au Québec
M. Nadeau souligne que l’eau est une ressource naturelle très abondante au Québec. « 22 % de la province est recouverte d’eau, ce qui représente 3 % des réserves d’eau douce mondiales », lance-t-il, expliquant qu’elle est donc la principale richesse de la province.
L’eau représente aussi la source principale d’électricité pour l’ensemble de la province, poursuit le professeur. « Entre 98 % et 99 % de notre électricité provient de l’hydroélectricité, c’est donc important de comprendre comment les ressources hydriques vont évoluer, parce que notre approvisionnement énergétique en dépend », remarque-t-il.
La réalisation d’évaluations précises des impacts des changements climatiques sur l’eau et les réseaux hydriques de la province est plutôt complexe, selon M. Nadeau. Plusieurs difficultés ou « défis », tels qu’il les surnomme, persistent encore. « Il y a donc encore beaucoup de recherche à faire », conclut le professeur.
Le projet étudiant
Du côté de PÉGEAUX, les organisateurs se sont dits bien satisfaits de pouvoir présenter une telle conférence. « Ce genre d’événement entre bien dans notre volet de sensibilisation et d’éducation », indique Jean-Sébastien Delisle, étudiant en génie des eaux et président de PÉGEAUX.
En plus d’organiser des conférences, il explique que le projet permet aussi aux étudiants de participer à des colloques et de faire des visites industrielles. « On a récemment organisé une visite de l’Aquarium du Québec pour voir comment se faisaient la gestion et le traitement des eaux des bassins », relate-t-il.
PÉGEAUX a aussi un volet plus technique. « On a des ententes qui permettent aux étudiants d’aller sur le terrain, de faire des échantillonnages et des analyses en laboratoire », affirme Hélène Boulanger, elle aussi étudiante en génie des eaux et responsable du projet SÉPAQ auprès de PÉGEAUX. Elle considère que ce volet permet aux étudiants d’avoir un portrait plus global du génie des eaux en leur permettant de faire des activités de terrain plus concrètes et de sortir du cadre théorique des cours universitaires.
Ayant vu le jour en 2006, presqu’en même temps que le programme de génie des eaux, ce projet étudiant se poursuit d’année en année. « On est en continuelle évolution, chaque année on a des nouveaux projets et des nouveaux défis », explique Jean-Sébastien. « On sent qu’il y a un impact réel dans ce qu’on fait », ajoute Hélène, lorsque questionnée sur ce qu’il l’a poussée à rejoindre l’organisme.