Photo : Alice Beaubien

Des déficits à l’Université Laval : Vraiment?

« Depuis plusieurs années, certaines Facultés de l’Université Laval écrivent leur budget à l’encre rouge », écrivait Alexandre Duval en février dernier dans un article publié sur le site web de Radio-Canada. Toutefois, pour bien saisir les conséquences de ces informations, certaines nuances relatives à l’attribution des subventions doivent être soulevées.

Selon les plus récentes données, les Facultés de musique et des lettres et sciences humaines, par exemple, présenteraient des budgets déficitaires de quelques centaines de milliers de dollars. Parallèlement, les Facultés de droit, sciences et génie ainsi qu’agriculture et alimentation se verraient attribuer des budgets qui engendrent des surplus allant jusqu’à 845 000$.

« L’origine [des déficits budgétaires], c’est le recrutement étudiant. C’est ça qui fait le financement des universités dans le système au Québec », déclare Guillaume Pinson, doyen de la faculté des lettres et des sciences humaines de l’Université Laval, faisant de ce fait référence aux règles budgétaires et au calcul des subventions de fonctionnement aux universités du Québec. Selon ceux-ci, la répartition d’une partie des subventions est fonction de l’effectif étudiant en équivalence au temps plein (EEETP), c’est-à-dire, au nombre théorique d’étudiants inscrits à 30 crédits pour la dernière année.

Par la suite, l’EEETP sera multiplié par un certain montant, établi en fonction d’un calcul des coûts reliés aux besoins d’un étudiant à temps plein au cours d’une année d’étude dans le programme qui lui est propre. Ainsi, le montant attribué varie entre les Facultés, puisque les coûts qu’engendre une année d’étude en médecine sont plus élevés que ceux d’une année en sciences sociales, par exemple. On explique la disparité notamment en raison de l’équipement utilisé, du personnel nécessaire, etc. M. Pinson rappelle cependant qu’il s’agit du calcul d’un « besoin théorique ».

Déficit budgétaire de certaines facultés

« Ce n’est pas comme une dette, que l’on doit rembourser, par exemple. Le fait que certaines facultés soient en surplus, ça va aider les départements qui le sont moins », rappelle le doyen des lettres et des sciences humaines. En effet, selon M. Pinson, il n’est pas pertinent de se concentrer sur les déficits des uns par rapport aux surplus des autres, puisque les excédents seront ultimement utilisés par les facultés moins favorisées par ces politiques budgétaires.

Guillaume Pinson ajoute qu’inversement à ce que l’on pourrait croire, un déficit budgétaire n’est pas du tout mauvais signe pour une faculté. Il s’agit simplement d’une conséquence d’un budget, déposé et accordé par l’Université Laval, dans lequel on prévoit dépenser plus que ce qui avait été initialement attribué. De ce fait, un grand déficit ne pourrait être que tributaire de nouveaux investissements au profit des étudiants.

De nouveaux défis

Des subventions gouvernementales moins élevées pour certaines Facultés, causées entre autres par un faible taux d’inscription, aura néanmoins des impacts sur les actions à moyen terme de celles-ci. « On est proactif, on a des projets, on tente de valoriser les programmes. Les sciences humaines, à l’échelle de la planète, connaissent une sorte de désintérêt. Les étudiants s’inscrivent moins dans cette discipline, et plus dans d’autres. C’est comme un cycle. Les étudiants se dirigent plus vers l’administration ou autres domaines avec des sorties professionnelles plus claires », déclare le doyen. Le défi des sciences humaines, selon lui, est donc de présenter des programmes intéressants, faire la démonstration de la pertinence de la formation et du fait qu’il y a du travail à l’issue d’un baccalauréat.

Ainsi, des subventions moins élevées de la part du Ministère signifieraient indirectement le début d’une période de transition dans les disciplines qui composent entre autres les sciences humaines. Comme il s’est observé des tendances similaires dans les domaines de l’informatique et de la foresterie par le passé, pour ensuite laisser place à des renversements complets du balancier, il n’y a pas lieu de s’inquiéter pour le moment. La machine est donc désormais en marche pour tenter d’intéresser les futurs étudiants à des domaines actuellement moins populaires et stimuler l’inscription à ses programmes.

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