Discuter d’éducation citoyenne à l’UL

Plusieurs grands noms de la sphère politique étaient réunis jeudi soir à l’Université Laval pour partager leur vision sur l’éducation citoyenne. L’ancien politicien et créateur de la Fondation P.G.L, Paul Gérin-Lajoie, le député fédéral, Joël Lightbound, et le ministre provincial de l’Éducation, Sébastien Proulx, étaient sur place.

Afin de situer la problématique de l’éducation citoyenne, le ministre de l’Éducation Sébastien Proulx a d’abord précisé le changement de culture auquel doit faire face le ministère de l’Éducation.

Il y a 50 ans, dans le sillage de la Révolution tranquille, les efforts du gouvernement du Québec étaient surtout dirigés vers la démocratisation de l’éducation. L’éducation ne devait plus être un privilège, mais un droit. Tous et toutes, pauvres ou riches, avaient le droit d’être éduqués.

Or, à l’heure actuelle, comme l’explique Sébastien Proulx, la mission principale du ministère de l’Éducation a changé. Si l’accès était au centre des débats, c’est désormais la réussite scolaire qui est devenue la priorité du gouvernement. Garantir que tous les élèves, sans exception, puissent apprendre avec succès et s’enrichir : telle est la nouvelle visée du gouvernement.

L’éducation citoyenne menacée ?

Dans le cadre de sa consultation publique, le ministre a annoncé l’implantation d’un cours obligatoire d’éducation financière en cinquième secondaire dès l’automne prochain. La décision forcera l’amputation de la moitié du contenu obligatoire présenté dans l’actuel cours Monde contemporain pour le remplacer par des notions relatives à la bonne gestion des finances personnelles.

Dans un tel contexte, plusieurs se sont questionnés sur les possibles conséquences de l’instauration de ce nouveau cours d’éducation financière vis-à-vis l’éducation citoyenne. En amputant les heures obligatoires consacrées au cours de Monde contemporain, des citoyens se demandent si nous ne sommes pas en train de priver les jeunes d’une occasion pour leur transmettre les connaissances nécessaires à leur éducation citoyenne.

S’il admet que sa décision n’allait pas être unanimement reconnue, le ministre a justifié l’instauration de ce cours en expliquant qu’aujourd’hui, « les jeunes ont accès à du crédit, donc à des possibilités d’endettement plus importantes ».

Ils seront les consommateurs de demain, et le sont déjà pour une bonne partie d’entre eux, selon lui. Dans ce contexte, il croit essentiel qu’une société comme la nôtre les éveille aux défis et aux difficultés d’une bonne gestion des finances personnelles pour en faire des consommateurs avertis.  

L’engagement et l’éducation : Indissociables

Soulevant la pertinence de l’éducation citoyenne, le député du Parti libéral de l’arrondissement Louis-Hébert, Joël Lightbound, a expliqué « qu’il n’y a pas d’engagement politique sans éducation ». L’éducation offrirait, selon lui, la possibilité de transcender la hiérarchie sociale qui nous est imposée pour se hisser dans la société et éventuellement y participer activement.

D’autre part, il a rappelé de quelle manière l’instruction permettait de « combler le déficit de crédibilité » dont les jeunes sont parfois victimes en société. En effet, grâce à l’éducation, les générations qui précédent « sont plus que disposées à faire confiance aux jeunes », rapporte-t-il.

Paul Gérin-Lajoie

L’événement a aussi été l’occasion de souligner les 40 ans de la Fondation P.G.L. Au Québec, l’organisme est surtout connu et réputé pour la tenue des célèbres dictées P.G.L. qui permettent d’amasser des fonds considérables chaque année en éducation.

Réunis au Théâtre de la Cité universitaire, les invités et le public semblaient ravis de la présence de Paul Gérin-Lajoie. Celui-ci a été le premier titulaire du ministère de l’Éducation de l’histoire du Québec. Il a aussi mis sur pied la Fondation Paul-Gérin-Lajoie, dont le mandat est de contribuer à l’éducation de base des enfants, de même qu’à l’alphabétisation et à la formation professionnelle des jeunes dans les pays en développement.

Du haut de ses 96 ans, celui que l’on surnomme « Monsieur P.G.L. » a donné le coup d’envoi du colloque. « Votre présence est une indication de l’intérêt que vous portez à ce colloque. Il faut se réjouir de cette rétrospective de 50 ans en éducation », a-t-il lancé à la foule devant lui.

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