Faute d’avoir reçu leurs permis d’études à temps, plusieurs étudiants étrangers de l’Université Laval entameront leur session d’automne en retard. Ce délai inhabituel dans le traitement des demandes découle des moyens de pression des agents du Service extérieur.
Sonia Larochelle
« Au milieu du mois, on avait autour de 450 étudiants qui étaient en attente », a indiqué madame Nicole Lacasse, vice-rectrice adjointe aux études et aux activités internationales de l’Université Laval. Récemment, elle a néanmoins observé « une amélioration » de la situation. « Depuis, les facultés les plus concernées nous indiquent que les visas semblent sortir », a-t-elle soutenu. En raison de la taille de leurs effectifs, les facultés des sciences et de génie et des sciences de l’administration constituent les plus touchées par les retards.
Même constat du côté de l’École de langues où la directrice, madame Marise Ouellet, a noté qu’« un effort semble être fait pour que les étudiants arrivent à temps pour la rentrée ».
Précisant que l’inscription ne se complète qu’après l’arrivée des étudiants au pays, Mme Lacasse a estimé qu’il faudrait attendre le passage de la rentrée pour que l’administration de l’Université soit en mesure de dresser un portrait adéquat de la situation.
La vice-rectrice a exposé les trois mesures prises par l’Université afin de « diminuer l’impact sur les étudiants ». D’abord, les dates limites d’entrée aux programmes ont été repoussées selon les facultés. « Il faut que ce soit plausible académiquement », a souligné Mme Lacasse à propos des différentes dates choisies. Ainsi, la Faculté des sciences de l’éducation acceptera des retardataires jusqu’au 15 octobre.
Aux candidats incapables de se présenter à temps, l’administration lavalloise suggère l’inscription à des cours à distance. Quoique l’offre de cours en ligne diffère en fonction des programmes, celle-ci permettra à certaines personnes d’entamer leurs formations à même leurs pays d’origine, a expliqué Mme Lacasse.
Pour les moins fortunés, « un report à la session ou à l’année suivante » sera proposé, a indiqué la responsable, précisant que chaque année des individus sont contraints d’opter pour ce choix.
Toutefois, Mme Lacasse s’est montrée lucide quant à la possibilité de voir plusieurs étudiants étrangers se tourner en direction d’établissements situés dans d’autres pays ou à même leurs régions d’origine. Ainsi, la responsable a fait valoir que les universités européennes dont l’amorce des sessions se situe plutôt à la fin du mois de septembre, voire au début du mois d’octobre, pourraient constituer des solutions de rechange.
« Je pense que les bons candidats ont des plans B. On ne peut pas vous dire qu’on aura un bilan de zéro perte de nouveaux étudiants. C’est clair que juste le fait qu’il y ait cette insécurité, il y a déjà des gens qui ont fait d’autres choix », a estimé Mme Lacasse. À l’École de langues, aucune baisse dans les inscriptions en français langue seconde n’a pour l’instant été constatée par Mme Ouellet.
Interrogée sur l’origine des étudiants les plus affectés, la vice-rectrice adjointe a mentionné : « À un moment donné, il y avait 15 centres de fermés, c’était donc localisé ». « C’est plus difficile à dire maintenant, les demandes en ligne ne sont pas traitées géographiquement », a-t-elle enchaîné. En effet, les formulaires électroniques se retrouvent dans des bureaux situés un peu partout à travers le monde.
Mme Lacasse a rapporté que la fermeture temporaire de l’ambassade à Paris a eu une incidence plus marquée que certains autres centres en raison de la proportion élevée de Français accueillis par l’Université Laval. La vice-rectrice adjointe a rappelé que les étudiants internationaux proviennent principalement de la France, du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest.
Interrogée, Madame Christiane Roy, membre du comité de grève de l’Association professionnelle des agents du Service extérieur a admis qu’il était « regrettable que des étudiants soient pris entre les parties », rappelant toutefois que ses collègues et elle-même demeurent « sans contrat de travail depuis 2011 ». « Nous sommes conscients des impacts », a souligné Mme Roy, en indiquant qu’à titre de diplomates, ils étaient « formés à la conciliation ». « La responsabilité est du côté du gouvernement », a-t-elle soutenu.