À l’aube de la campagne électorale municipale de Québec, la chef de l’opposition, Anne Guérette, était de passage au Pub Universitaire le 30 mars dernier pour discuter et échanger avec les étudiants.
« On est prêts à investir l’équivalent d’un amphithéâtre dans les enjeux de mobilité durable », raconte-t-elle à la blague. Il faut d’abord et avant tout s’intéresser aux enjeux de transport et d’aménagement du territoire pour inciter les jeunes à rester en ville, selon elle.
Mme Guérette a expliqué aux universitaires venus l’écouter que Québec peine à retenir ses jeunes, qui sont plus souvent portés à aller s’installer, par choix ou par dépit, dans les limites extérieures de la ville. « Il manque d’actions concrètes pour supporter des milieux de vie accessibles et convenables pour les jeunes et leur famille au cœur de la ville », lance-t-elle.
La politicienne ne se gêne pas non plus pour jeter une partie du blâme sur l’actuelle administration municipale. « Depuis les 10 ans de mandat du maire Labeaume, il y a 100 000 autos de plus sur les routes; les jeunes s’en vont de plus en plus loin et sont pris dans le traffic », allègue-t-elle. L’architecte de formation émet donc le constat que l’étalement urbain a mené à l’augmentation du parc automobile et de la congestion dans la région de la Capitale-Nationale.
Un débat mal orienté
D’après elle, il n’existe pas de solution unique et le Service rapide par bus (SRB) ne suffira pas pour renverser la vapeur. « La congestion ne peut seulement qu’être réglée par des mesures qui touchent à la fois le transport et l’aménagement du territoire », explique Mme Guérette. Elle supporte l’idée selon laquelle la mobilité durable découle aussi du développement urbain.
La candidate à la mairie propose d’encourager la densification dans certains secteurs, tout en les rendant attirants pour les jeunes familles. « Il faut développer le long d’artères qui sont déjà munis d’infrastructures de transport collectif et actif », recommande-t-elle. Mme Guérette suggère en exemple un crédit de taxes qui pourrait être mis en place pour ce genre de développement.
Elle insiste aussi sur l’importance que peut jouer l’architecture dans ces enjeux, tant au point de vue esthétique que pratique. « Nos architectes ne sont pas assez mis à contribution pour créer des habitats dans des endroits que les gens seraient surpris de découvrir, élabore-t-elle. Peut-être que des jeunes familles décideraient de s’y installer plutôt que d’aller à Ste-Brigitte-de-Laval et de laisser tomber une voiture pour s’acheter des vélos. »
Plus de place pour le transport actif
En plus de pousser pour une amélioration des services de transport en commun, Mme Guérette se positionne aussi en faveur de la marche et du vélo. « Agir pour la mobilité durable est aussi l’une de ces petites mesures, comme entretenir nos trottoirs et les déneiger pendant l’hiver. »
S’inspirant d’un voyage à Copenhague, elle croit que c’est d’abord en offrant des modes de transport alternatifs efficaces que la population sera incitée à changer ses habitudes. « Là-bas, 65% des gens se déplacent à vélo, parce que c’est plus rapide et facile; c’est donc à nous de rendre ça rapide et facile ici aussi », affirme la candidate de Démocratie Québec.
Ayant encore les Danois en tête, Mme Guérette s’est aussi prononcée en faveur du vélo d’hiver et de l’établissement d’un réseau cyclable à l’année dans la Vieille Capitale. « Je suis certaine que si on se donne un réseau cyclable sécuritaire et qu’on l’entretient bien, été comme hiver, les gens vont l’emprunter », dit-elle.
Elle trouve d’ailleurs que le maire Labeaume s’intéresse bien tard aux enjeux liés au réseau cyclable. « Tout à coup à l’aube de la campagne, il dévoile 19 km de plus de pistes cyclables », dénonce-t-elle, ne pouvant s’empêcher d’y voir une stratégie électorale.
Incertitudes entourant le laissez-passer universel (LPU)
Mme Guérette n’a pas de position claire concernant le dossier du LPU, mis de l’avant par la CADEUL dans les dernières années.
« Je n’irai pas imposer aux jeunes un laissez-passer universel si ce n’est pas ce qu’ils souhaitent en grande majorité », déclare celle qui briguera la mairie en novembre. Elle explique tout de même que s’il y avait un certain consensus, elle n’aurait pas de problème à faire avancer le dossier.