« Le gouvernement a cédé face au lobbyisme de certaines universités qui voient dans ces droits de scolarité une opportunité d’affaires », peut-on lire dans une lettre ouverte transmise ce matin aux médias, signée par 16 associations étudiantes de cycle ainsi que deux fédérations nationales.
Les représentants et représentantes de plus de 265 000 étudiant(e)s réparti(e)s dans un peu moins de 10 régions du Québec (les associations des universités du réseau UQ y sont toutes représentées) demandent au ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, monsieur Jean-François Roberge, de décréter un moratoire sur la question de la déréglementation des droits de scolarité imposés aux étudiant(e)s internationaux.
C’est lors du dévoilement de la nouvelle politique québécoise de financement des universités par l’ancien gouvernement libéral qu’il a été annoncé qu’il serait désormais possible pour les universités de décréter elle-mêmes le montant demandé aux étudiant(e)s internationaux, « une façon de palier au sous-financement », selon les signataires de la lettre ouverte. Il faut savoir que ces derniers et dernières paient déjà jusqu’à huit fois plus que les autres étudiant(e)s de la province pour étudier, selon une étude de l’UEQ, citée dans le document transmis ce matin.
Une question de survie pour les universités de région
«[Les universités en région] n’ont pas les mêmes ressources financières que les universités anglophones situées à Montréal » en plus d’avoir de nombreux défis quant à « attirer et retenir les étudiantes et étudiants internationaux sur leur territoire », alors que celles-ci dépendent des revenus engendrés par ces inscriptions, la majorité des étudiant(e)s québécois(es) se dirigeant vers les pôles que sont Montréal et Québec.
« La déréglementation contribuera à créer des universités en région de seconde zone » et à « accentuer la compétition et les inégalités entre les universités », craignent les signataires de la lettre.
La mission des universités mises à mal par la compétition
Si les effets potentiels de la déréglementation sont dévastateurs pour certains campus de la province, surtout situés en région, il en va de même pour les universités urbaines, comme l’Université Laval, qui sont de plus en plus contraintes à offrir des programmes en anglais pour attirer des étudiant(e)s et la part de financement qui vient avec l’inscription. Le modèle de financement par crédit par tête accentue aussi cette mécanique.
Selon les signataires de la lettre, cette tentation à entrer dans le cycle de compétition avec les autres universités de la province et du monde « pourrait [y] mettre en péril la pérennité du français », tout en éloignant les établissements d’enseignement de leur « mission : subvenir aux besoins et aux aspirations collectives de la société québécoise.»