Avec la poursuite de la déliquescence du gouvernement Trudeau durant l’automne et la récente annonce de démission du premier ministre, tout porte à croire que des élections fédérales seront déclenchées dans les prochains mois. Selon les sondages, le Parti conservateur du Canada (PCC) gagnerait facilement un gouvernement majoritaire et le Bloc Québécois pourrait se retrouver à la tête de l’opposition à Ottawa.
Par Antoine Morin-Racine, chef de pupitre aux actualités
Après la démission de son bras droit en la ministre Chrystia Freeland au début du mois de décembre, le règne de Justin Trudeau sur le pouvoir fédéral a vu un autre clou être enfoncé dans son cercueil lorsque que la députée Alexandra Mendès a révélé à Radio-Canada qu’une majorité d’élu.es québécois.es se joignait au caucus de l’Atlantique et de l’Ontario du Parti libéral du Canada (PLC) en retirant leur confiance à Justin Trudeau.
Cela fait plusieurs mois que le glas sonne pour le gouvernement et que l’on demande la démission du premier ministre, mais celui-ci a su traverser l’automne de par la clémence du NPD, qui, malgré avoir déchiré leur entente avec le PLC plus tôt dans l’année, a mis ses votes en chambre du côté du gouvernement lors des trois dernières tentatives de faire tomber le gouvernement. Le NPD a par contre récemment affirmé qu’il ferait tomber le gouvernement au retour des fêtes.
Jagmeet Singh n’aura cependant pas l’occasion de prononcer la mort du gouvernement, car en date du 6 janvier, Justin Trudeau annonçait sa démission du titre de premier ministre et de chef du Parti libéral ainsi que la prorogation du parlement jusqu’au 24 mars. Sa démission n’aura cependant lieu qu’au moment où son parti aura trouvé un nouveau chef. Pour plusieurs analystes, la prorogation des activités parlementaires peut se comprendre comme un moyen pour le parti libéral de gagner du temps et choisir un.e chef.fe en conduisant une véritable course à la chefferie plutôt que d’avoir à faire campagne avec un.e chef.fe intérimaire.
La prorogation du parlement a été critiquée vivement par l’opposition qui y voit une décision qui affaiblira le gouvernement canadien face à l’arrivée au pouvoir de Donald Trump à partir du 20 janvier.
Vers une majorité conservatrice et le Bloc comme opposition officielle ?
Selon les plus récents sondages, une élection ce printemps rapporterait aux conservateurs plus de 230 sièges, les amenant bien au-delà des 172 requis pour une majorité.
La super-majorité conservatrice serait effectivement si grande et la défaite libérale si sévère, qu’on prédit à 61% que le Bloc Québécois formera l’opposition officielle à Ottawa, une situation qui, bien qu’elle puisse paraitre loufoque, est déjà arrivée par le passé lors de la législation fédérale de 1993.
Les conservateurs chercheront particulièrement à faire des gains au Québec, car celle-ci s’avère être la seule province dans laquelle leur victoire est contestée. Pierre Poilièvre affiche de meilleurs scores que ses prédécesseurs conservateurs, mais la poigne du Bloc sur la province reste forte. Un sondage publié dans le magazine L’actualité révélait que seulement 9% des électeurs bloquistes en 2021 disaient vouloir voter pour les conservateurs.
Dans le cas relativement probable d’une démission de Justin Trudeau de la chefferie libérale, le PLC sera dans l’obligation de décider d’un nouveau chef pour mener l’élection; une impasse particulièrement compliquée considérant l’imminence des prochaines élections et l’absence de candidat potentiel faisant l’unanimité chez les militant.es libéraux.ales.