Un programme de bourses pour inciter les étudiantes et étudiants en sciences infirmières à mettre leurs études sur pause pour prêter main-forte au réseau de la santé a été mis sur pied par le gouvernement du Québec. Mais, près d’un mois après l’annonce, les étudiantes et les étudiants de l’Université Laval (UL) ne semblent pas avoir mordu à l’hameçon.
Ce programme, annoncé en janvier dernier par le ministre de la Santé Christian Dubé et la ministre de l’Enseignement supérieur Danielle McCann, est un incitatif financier sous forme de bourses. Celles-ci sont attribuées aux étudiantes et étudiants qui se portent volontaires. Le montant des bourses varie : 13 500 $ pour une personne inscrite à temps plein et 6 750 $ pour une personne inscrite à temps partiel.
Faible taux de participation
Les étudiants et étudiantes de l’UL ne sont pas nombreux à avoir suspendu leurs études aux dépens de ces bourses.
« À l’Université Laval, en date du 19 janvier, 93 étudiantes et étudiants se sont inscrits à ce programme. Les candidatures ont été transmises au ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec », indique Simon La Terreur, conseiller en relations médias à la direction des communications de l’Université Laval.
Considérant que des centaines de personnes sont inscrites au DEC-BAC en sciences infirmières de l’UL, ce nombre d’inscriptions n’est pas significatif.
Selon Béatrice Picard, étudiante inscrite au programme de bourses, plusieurs craignaient ne pas vouloir recommencer leurs études après une pause : « Honnêtement, je suis la seule personne dans mon entourage qui a décidé de prendre [la bourse]. Certaines personnes avaient peur de trop aimer travailler en tant qu’infirmières pour revenir terminer leur baccalauréat par la suite. »
Elle mentionne également que plusieurs se méfient du gouvernement craignant que le programme ne soit pas réellement avantageux.
Kelly-Ann Campeau, étudiante au baccalauréat en sciences infirmières, estime que certaines zones grises du contrat sont possiblement à la source de ces questionnements.
« Pour l’instant, je ne connais vraiment pas beaucoup de [personnes qui ont] accepté. Il y a tellement de points dans le contrat [du gouvernement] qui ne sont pas clairs, que plusieurs ont décidé de ne pas s’inscrire ».
– Kelly-Ann Campeau, étudiante en sciences infirmières à l’UL
De plus, le conseil d’administration de l’Association canadienne des écoles de sciences infirmières du Canada (CASN/ACESI) a adopté une résolution favorisant la finition de leurs études pour assurer la qualité des soins à la population. Ce facteur a possiblement contribué à décourager les étudiantes et étudiants à adhérer au programme de bourses.
Une belle opportunité pour certains
Béatrice Picard et Johanie Uapishka, étudiantes en sciences infirmières à l’UL, ont saisi l’opportunité.
Cette offre est arrivée au bon moment pour Johanie Uapishka : « J’avais déjà l’intention de travailler à temps plein bientôt et je me suis dit, pourquoi pas commencer mon université à temps partiel plus tôt et avoir accès à cette bourse-là? »
De son côté, Béatrice Picard qui étudie depuis longtemps se permet maintenant une pause : « Au début, je n’étais pas vraiment convaincue. Mais, plus j’y pensais, plus je le considérais. Mes collègues de travail [ayant] déjà complété le baccalauréat me disaient qu’ils prendraient l’opportunité s’ils étaient à ma place. C’est quand même une bourse intéressante et un gros montant à avoir à un jeune âge. Ça commence bien une vie. »
Comme le programme le permet, les deux étudiantes conservent deux cours universitaires à leur horaire. Ainsi, elles auront moins de difficulté à reprendre leurs études par la suite.