Si on avait été dimanche matin, les croissants chauds et le café auraient laissé planer une odeur savoureuse dans le local électoral. C’est qu’elle y organise tous les dimanches un rendez-vous politique pour ceux et celles qui souhaitent bavarder « Chambre des communes » et « Bloc », entre autres. Entrevue avec Caroline Pageau, candidate du Bloc québécois (BQ) dans Louis-Hébert.
Les convaincus – et ceux qui restent à convaincre – franchissent le seuil du local chaque dimanche. « Mais ils ressortent tous convaincus », confirme Caroline Pageau avec un sentiment de fierté. Car il faut dire que les gens lui posent souvent la même question : est-ce que le Bloc est encore pertinent à Ottawa ?
« Je leur rappelle qu’il y a juste le BQ qui est capable de représenter les intérêts et les valeurs des Québécois. Je leur rappelle des gains du Bloc sans être au gouvernement ni dans l’opposition officielle. Le fait que la prestation universelle pour enfants soit non imposable, ça, c’est un des gains du Bloc », souligne-t-elle.
Mais la population a son mot à dire dans le processus démocratique. Caroline Pageau croit fermement à l’implication citoyenne. C’est la raison pour laquelle la députée Pageau instaurera des assemblées publiques lors desquelles les citoyens seront conviés à établir l’ordre du jour. « Je crois que c’est important que les gens soient autonomes dans leur vie et qu’ils soient en possession de leurs moyens », laisse-t-elle entendre pour souligner les bénéfices de l’implication sociale.
Énergie Est en tête de liste
Avant de tenter sa chance au fédéral sous la bannière du Bloc, Mme Pageau a porté les couleurs de l’Action démocratique du Québec en 2007. Elle a par la suite fait le saut au Parti québécois et s’est impliquée dans les élections partielles de Jean-Talon, en 2015. C’est là qu’elle a vu l’enjeu de l’oléoduc se profiler. « Le déclencheur [de mon saut en politique fédérale], c’est l’oléoduc Énergie Est. Pour les trois partis fédéralistes, que la majorité des Québécois n’en veulent pas, ça leur est complètement égal ! », explique Mme Pageau.
Il y a deux ans, alors qu’elle demeurait à Grondines, sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent, Caroline Pageau a eu une bien mauvaise surprise. « TransCanada a commencé à rencontrer des citoyens à l’insu du conseil municipal. Je l’ai su [et] avec un autre citoyen, on a organisé une rencontre avec Équiterre et l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) pour que les citoyens aient l’autre côté de la médaille ». Deschambault-Grondines est sur le tracé de l’oléoduc Énergie Est.
Aujourd’hui, à Québec, cet enjeu la préoccupe plus que jamais. « C’est un dossier que je trouve intéressant particulièrement dans Louis-Hébert parce que la prise d’eau de Sainte-Foy et Cap-Rouge est à Cap-Rouge, juste à côté de l’endroit où l’oléoduc doit traverser le fleuve », défend-elle pour montrer l’importance locale de l’enjeu. Selon elle, cette situation engendre un risque environnemental et social, mais également économique : les propriétés avoisinantes pourraient déprécier.
« Il faut vraiment s’assurer que ça n’arrive pas ce projet-là ! Harper raconte des affaires au monde. Il dit que c’est pour remplacer le pétrole qu’on consomme ici. Ce n’est pas vrai, c’est pour l’exportation ! Et personne n’en parle !, commente-t-elle. […] Quand une majorité de Québécois est contre l’oléoduc [Énergie Est], je pense que le député a l’obligation d’aller dire à Ottawa : “’Je m’excuse, mais nous on est contre dans Louis-Hébert !”’ », conclut la candidate bloquiste.
Québec pays
Celle qui a achevé une maîtrise en traduction à l’Université Laval avoue avoir abandonné en chemin ses études doctorales. Explication ? « La vie a commencé à prendre trop de place », confie la mère de trois enfants.
Sa ferveur indépendantiste ne s’est pas essoufflée pour autant. Dans son cheminement politique, Mme Pageau a travaillé avec l’actuelle députée péquiste Agnès Maltais, une femme qui « l’inspire beaucoup », tout comme Louise Arbour. Sans oublier le célèbre clown et médecin Patch Adams, pour qui elle voue une admiration.
« Penser qu’on va améliorer le contexte économique et qu’après on va pouvoir devenir indépendant, je ne pense pas que [ce soit la bonne façon de penser]. Mais je l’ai déjà pensé. », explique-t-elle, en faisant référence à son passé à l’ADQ.
« Il me semble qu’on s’en sortirait mieux si on pouvait choisir comment on investit nos sous. À l’heure actuelle, nos impôts servent à d’autres industries ailleurs dans le Canada », expose l’indépendantiste convaincue.
La question du financement de la recherche soulève également des inquiétudes. Caroline Pageau critique le fait que le choix des domaines qui reçoivent du financement se fasse à Ottawa, plutôt qu’à Québec.
La solution est simple : « Le Québec devrait être maître chez lui, avec les Premières Nations. Le développement du Québec est essentiel avec les Premières Nations », affirme-t-elle avec certitude.