Photo : Alice Beaubien

Implication des femmes à l’UL : favoriser la proportionnalité

Au cours du mandat 2017-2018 du comité exécutif de la Confédération des associations d’étudiants et d’étudiantes de l’Université Laval (CADEUL), une campagne de valorisation de l’implication des femmes au sein des associations étudiantes a été lancée afin de soulever l’importance de celle-ci. Le rapport L’implication des femmes dans les associations étudiantes de premier cycle à l’Université Laval illustre l’état des lieux.

La recherche d’Eve Gaucher, vice-présidente à l’enseignement et à la recherche, ainsi que de Vanessa Desrosiers, vice-présidente aux finances et au développement, a plusieurs objectifs dont celui de valoriser l’implication des femmes sur les campus universitaires au Québec et comprendre les enjeux qui y sont liés. En effet, on constate que la représentation des femmes dans des environnements de pouvoir comme la politique est faible. Ces milieux, une fois transposés au campus universitaire où la vie démocratique est omniprésente, rendent compte de l’ampleur de leur portée. « Cette génération est-elle porteuse de changement ? Elle qui aujourd’hui fréquente les bancs universitaires et qui participe à la vie démocratique universitaire au sein d’une association étudiante de programme, facultaire ou bien de campus est-elle également concernée par cette inégale représentation ? ». Voilà les questions que la CADEUL évalue dans son rapport.

Une méthodologie « maison »

Pour analyser la composition de ses instances décisionnelles ainsi que de celles de l’ensemble des associations qu’elle représente, la CADEUL a privilégié une perspective de genre. Il s’agissait de mettre en lumière la portée de l’implication féminine, de rendre compte des obstacles ne permettant pas la représentation équitable au sein de la vie associative et de comparer les données issues de ses propres instances et de celles produites par la Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAÉCUM). La CADEUL a divisé les associations étudiantes de premier cycle en deux catégories : les associations départementales et les associations facultaires. Pour ce faire, « l’indice d’engagement des femmes » a été développé : cet indicateur évalue l’implication étudiante des femmes de manière proportionnelle à la composition de la population d’étudiants évaluée. Le résultat a montré que seules 5 facultés sur 14, représentant ainsi 35.7% des associations départementales, ne sont pas concernées par la sous-représentation féminine selon l’indice d’engagement des femmes.

Toutefois selon la population évaluée, il existe des variations. La CADEUL a même constaté une surreprésentation des femmes dans la Faculté de musique, dont les instances décisionnelles sont composées à 100% de femmes alors que sa population est constituée à 45% d’hommes. Néanmoins, la différence des moyennes de l’indice d’engagement des femmes au niveau facultaire et départemental atteste d’une gradation des obstacles à l’implication féminine pouvant s’accumuler dans les niveaux supérieurs de représentation associative.

Des obstacles à l’implication féminine

La CADEUL évoque des freins au développement de l’implication féminine sur les campus, notamment le facteur de socialisation différenciée. Il s’agit du fait de s’approprier des « rôles » dans la société de manière propre à une femme ou un homme. En effet, la socialisation différenciée favorise la transmission de l’idée qu’il existe des caractéristiques et des fonctions exclusives au sexe féminin ou masculin.

Par exemple, on attribuera la sphère politique aux hommes plutôt qu’aux femmes. La CADEUL adopte une vision binaire de ces freins : dans un premier temps, les obstacles considérés comme émanant des femmes et dans un second temps les diverses discriminations rencontrées par les femmes, en l’occurrence les étudiantes. Elle arrive à la conclusion que la socialisation différenciée chez les étudiants et étudiantes est un facteur proéminent des obstacles réels à ce que les femmes soient davantage représentées et impliquées dans les environnements de pouvoir et de responsabilités.

À cela s’ajoute le facteur d’intersectionnalité qui impose aux femmes et hommes étant en situation de handicap, racisé(e)s ou issu(e)s de minorités sexuelles, des situations de « double ou de triple discrimination ». Pour les femmes en particulier, l’intersectionnalité peut être un frein supplémentaire à l’implication politique. Afin de remédier à ces facteurs, la CADEUL et ses associations membres s’attribuent « un devoir d’action et de réflexion » et visent à « faire la promotion de modèles féminins occupant diverses fonctions sur des instances décisionnelles ».

Des conclusions à tirer

Le rapport de la CADEUL conclut en soulignant que « la sphère universitaire et les associations étudiantes qu’elle rassemble, ne font pas exception vis-à-vis du reste de la société en matière de sous-représentation des femmes sur les instances démocratiques.»

De plus, l’association de premier cycle mentionne que les associations devraient viser la proportionnalité, plutôt que la parité. « Dans une perspective d’amélioration, la réflexion et les efforts des associations étudiantes pour une meilleure représentation féminine devraient, en plus d’intégrer la notion de parité, inclure celle de la proportionnalité », confirme le rapport.

Finalement, la Confédération confirme son devoir face à la situation et souligne qu’elle continuera à travailler pour proposer des solutions concrètes aux problématiques soulevées dans le rapport.

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