Photo : Élia Barbotin

Investissements à l’UL : des réactions mitigées

Le gouvernement du Québec a annoncé, le 15 novembre dernier, des investissements d’une valeur de 103 M$ en enseignement supérieur, dans la région de Québec. Sur ce montant, 75 M$ seront directement investis à l’Université Laval. Cette annonce soulève un engouement, mais également quelques réticences.

La rectrice, Sophie D’Amours, affirme que ces investissements seront favorables pour les étudiants : « À terme, ces environnements de pointe, conçus pour favoriser l’apprentissage et le perfectionnement, former les générations futures et faire progresser la science pour le bien de la collectivité, contribueront au rayonnement de l’Université Laval, de ses centres de recherche associés et de notre milieu de vie au cœur de la ville de Québec », indique-t-elle.

La plupart des associations étudiantes sur le campus se disent heureuses des montants accordés. «C’est toujours une bonne nouvelle des investissements, donc oui on se réjouit », lance Pierre Parent Sirois, président de l’AELIÉS, en conservant toutefois certaines réserves.

Il faut comprendre que le montant de l’enveloppe sera divisé entre l’Université Laval, l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ-UL) et le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de la Capitale-Nationale. Près du tiers de ce montant servira à la rénovation et à la mise aux normes du pavillon Alexandre-Vachon.

Encore une fois, les secteurs d’études déjà très financés récupère la majorité du montant, soulève l’AELIÉS. « Rien n’est consacré pour les sciences humaines et sociales qui accusent pourtant un manque à gagner important en termes de financement, explique le président. Les projets sont intéressants, mais n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’enveloppes dédiées. »

Les enjeux oubliés

À la CADEUL, le président, Samuel Rouette-Fiset, estime que, même si ces investissements sont positifs pour la communauté universitaire, il attend toujours des investissements plus importants dans le réseau de l’enseignement supérieur. « J’ai envie de dire : des services, des profs, des livres ! », explique le président de l’association des étudiants au premier cycle.

Même son de cloche à l’AÉLIÉS, où Pierre Parent Sirois rappelle les compressions des dernières années et des conséquences qui se font toujours sentir. « Il y a par exemple les frais de déplacement pour les examinateurs externes pour les soutenances de thèse qui ont été diminués de 85%, le ratio professeur/étudiant qui n’a jamais été aussi bas et les ressources insuffisantes en santé mentale sur les campus », lance-t-il.

« Nous estimons que chaque investissement en recherche doit être accompagné d’une enveloppe supplémentaire de 40% pour financer les coûts indirects de recherche », croit pour sa part Simon Telles, le président de l’Union étudiante du Québec (UEQ). Parmi les coûts indirects, il inclut l’entretien et les coûts d’opération de ces laboratoires. Sans ces fonds, l’avenir de ces projets est incertain selon lui.  « Sinon, on se retrouvera dans quelques années avec des équipements et des laboratoires qu’on ne peut plus utiliser faute de moyens, c’est ça la réalité. »

Cadeau préélectoral ?

Avec des élections provinciales dans moins d’un an, il est reconnu que les gouvernements sortants deviennent généreux au niveau des dépenses publiques. « Espérons toutefois qu’il ne n’agit pas simplement d’un cadeau préélectoral », soulève le président de l’UEQ.

Avec des domaines d’études sous-financés et des dernières années difficiles en terme d’investissements pour les campus universitaires, le président de l’UEQ espère qu’une nouvelle période d’austérité ne surviendra pas à la suite des élections en 2018.

« C’est bien beau de financer des infrastructures, mais encore faut-il que des ressources additionnelles soient dégagées pour les entretenir et les opérer », prévient-il en ce sens, en fin d’entretien.

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