Selon Suzanne Legault, commissaire-adjointe à l’information du Canada, le problème était présent bien avant 2006, année d’entrée au pouvoir des conservateurs. Selon des données compilées par le Commissariat à l’information du Canada dans le rapport pour l’année 2010, le taux de demandes réussies d’accès à l’information depuis 2002 a diminué de 25%, passant de 41% en 2002 à 16% en 2010.
C’est donc dire que le déclin de l’accès à l’information s’est amorcé sous les libéraux de Paul Martin. Pas tellement surprenant, le scandale des commandites ayant éclaboussé le Parti Libéral en 2004.
À ce moment, le gouvernement a mis en place un système plus sévère pour filtrer les demandes d’accès à l’information, classant les demandes selon un critère de sensibilité politique. Aujourd’hui, la sensibilité politique en mène large, si bien que les paramètres la mesurant semblent créer des abus au gouvernement. Une espèce de catégorie fourre-tout qui permet aux élus de se laver les mains quand ça devient un peu trop compliqué de retrouver les informations.
Autre particularité intéressante des demandes d’accès à l’information, elles passent toutes par le Cabinet du Premier Ministre, une instance dont l’autorité absolue est…le Premier Ministre lui-même. Il est donc celui à qui revient le droit de refuser ou non une demande d’accès à l’information. Stephen Harper serait donc un grand sensible…
Il faut comprendre que les demandes d’accès l’information sont ouvertes à tous les citoyens. Mais comme les journalistes sont les plus portés à faire des demandes d’accès à l’information, le gouvernement Harper a décidé de couper le nombre de questions autorisées aux journalistes, qui doivent préalablement les soumettre en prévision des points de presse. C’est scandaleux. Non seulement ils doivent proposer leurs questions, ils doivent également s’identifier. Il revient donc encore une fois à la direction des communications du Premier Ministre de choisir, de façon arbitraire, les journalistes et les questions qui animeront le point de presse. Il devient alors facile pour les élus et les ministres de se préparer et d’offrir à la population une réponse télégraphiée et sans substance.
Bref, la moyenne de réussite de demandes d’accès à l’information était déjà basse, considérant que plus de la moitié des demandes échouaient. Mais 16 % de taux de réussite ? C’est une catastrophe. Pas pour rien qu’une étude britannique publiée en janvier 2011 plaçait le Canada au dernier rang de l’accès à l’information parmi les pays du G8. Une vraie honte, puisque le pays figurait parmi les premiers de classe dans la dernière décennie.
Gouvernements ouverts
Le constat est encore plus frappant et accablant quand on pense que des groupes, tels qu’Anonymus ou Wikileaks, militent actuellement pour des gouvernements ouverts, c’est-à-dire un monde dans lequel les autorités politiques divulgueraient la majorité des informations essentielles aux citoyens sans filtre via une plateforme Web, par exemple. D’autres appelleront ce monde idéal une utopie. Chose certaine, il y a énormément de travail à faire et le gouvernement devra changer ses méthodes.
À voir les actualités évoluer, on constate que les piratages de ministères se multiplient et que la gronde s’installe à mesure que les gouvernements mentent. Le Québec et l’industrie de la construction n’est qu’un cas parmi d’autres, s’inscrivant dans une tendance lourde. Grâce aux moyens technologiques, il est maintenant possible de briser certaines frontières qui auparavant étaient infranchissables pour les militants.