Prévu du 19 au 29 mars, le référendum d’affiliation entre l’Union étudiante du Québec (UEQ) et l’AELIÉS est annulé. Les étudiant(e)s ne seront donc pas convoqués aux urnes.
La proposition a été adoptée lors d’un CA extraordinaire, hier soir, le 1 mars. Le libellé affirme que le référendum d’affiliation de l’AELIÉS à l’UEQ ne se tiendra pas pendant le mandat 2017-2018. « On peut donc en comprendre pleins de choses, ça pourrait être l’année prochaine, ou une autre année, ou simplement jamais. Ce sera aux futures instances de décider ça en temps et lieu », mentionne Alexandre Boutet Dorval, attaché à l’exécutif.
Rappelons que le mandat de l’exécutif actuel s’achèvera le 30 avril prochain.
Problème avec la neutralité ?
Mardi dernier, Impact Campus rapportait que le comité exécutif de l’association des étudiantes et des étudiants de Laval inscrits aux études supérieures devait maintenir une position de neutralité en vue de leur référendum.
Une résolution permettant à l’exécutif de prendre position en faveur de l’affiliation à l’UEQ (CA-2018-01-17/11) avait initialement été adoptée en conseil d’administration en janvier, avant d’être battue en assemblée générale le 22 février. Cette assemblée avait été demandée par des membres de l’AELIÉS à la suite de la publication d’une pétition, alors que certains soulignaient un « déséquilibre problématique » dans ce référendum.
Du côté du comité exécutif, on se défendait de vouloir éviter des situations conflictuelles et des procès d’intentions, préférant prôner la transparence. Les personnes défendant une position de neutralité en appelaient au rôle proprement « exécutif » du comité.
Que s’est-il passé ?
En entrevue, le président de l’Association des étudiantes et des étudiants de Laval inscrits aux études supérieures, Pierre Parent Sirois, explique les motivations derrière cette décision du CA. « Il y a eu plusieurs délibérations et on s’est rendu compte que les précédents du référendum avec la CADEUL ont fait en sorte que l’enjeu de l’affiliation à l’UEQ était clos ». Pour lui, la décision exigeant au comité exécutif de demeurer neutre n’a en aucun cas affecté la décision.
Il ajoute que l’enjeu n’animait plus les étudiant(e)s aux cycles supérieurs, qu’ils n’avaient plus envie d’en entendre parler. Mis de l’avant depuis quelques semaines, le référendum n’avait pas réussi à mobiliser les étudiant(e)s, aucun comité favorable ou non ne s’était formé, souligne le président de l’AELIÉS.
L’étudiant à la maîtrise en relations industrielles affirme que l’AELIÉS pourra concentrer son énergie, son temps et ses ressources ailleurs, dans des dossiers prioritaires. « [ Avec un référendum ], c’est du temps qu’on ne pouvait pas mettre dans le laissez-passer universitaire, la politique familiale, la réforme de nos règlements généraux. »
L’exécutif ne se dit pas déçu de la tournure des évènements, mais ils estiment que ce n’est pas la situation idéale pour les étudiant(e)s de l’Université Laval.
« Dans un contexte où il y a des élections qui s’en viennent, ce n’est pas vrai que la situation d’indépendance est souhaitable, et d’avoir un véhicule qui représente nos intérêts et qui a un poids politique beaucoup plus important que l’AELIÉS qui a 11 000 membres, moi je considère que c’est extrêmement important », confirme Pierre Parent Sirois.
Climat non favorable face à l’UEQ
Avec un quatrième référendum sur cette question en deux ans à l’Université Laval, la situation sur le campus était pour le moins tendue, comme en témoigne la tenue de la dernière assemblée. Au cours de celle-ci, l’ancien président de l’AELIÉS, Christian Alain Djoko, évoquait d’ailleurs un « déficit de crédibilité [de l’UEQ] sur le campus. »
Lors de la dernière session d’automne, 55 % des étudiant(e)s de premier cycle avaient voté « NON » à l’affiliation de la CADEUL à l’UEQ. À ce moment, les associations impliquées avaient souligné un climat difficile, parfois même des propos blessants.
Questionné à savoir pourquoi l’Université Laval semble toujours résister à la représentation nationale, Pierre Parent Sirois l’explique difficilement : « J’ai beaucoup de misère à l’expliquer, mais ça se parle dans le mouvement étudiant du pourquoi à l’Université Laval, il y a une si grande aversion envers les associations nationales, mais c’est un phénomène qui existe. »
Selon lui, un référendum AELIÉS-UEQ dès l’an prochain serait peu probable. « La prochaine fois que cette question-là va avoir un intérêt, ça va être à la prochaine crise sociale ou lors d’un gros enjeu », croit le président de l’AELIÉS.
L’UEQ réagit
L’Union étudiante du Québec a réagi à la suite de la décision de l’AELIÉS d’annuler le référendum. « C’est certain qu’on est déçu que la discussion n’ait pas lieu. On aurait souhaité avoir la discussion avec les étudiantes et étudiants des cycles supérieurs », explique Simon Telles, président de l’UEQ, en rajoutant n’avoir aucune amertume face à la décision du CA.
« Je dirais qu’on observe quelque chose de différent à Québec », témoigne Simon Telles au sujet du climat actuel face aux associations nationales à l’Université Laval. Son association n’a toujours fait aucun gain à l’UL après trois tentatives. « Il y a une culture d’association nationale qui a été perdue », ajoute-t-il.
Le président du l’association nationale désire continuer à informer la communauté étudiante de l’Université Laval sur les réalisations et les forces de l’UEQ. « C’est ça notre défi, c’est d’arriver à rejoindre les étudiants et de bien leur transmettre ce qu’on fait dans le quotidien », dit-il. À son avis, les exécutifs sont d’avantages en faveur de l’affiliation à l’UEQ car ils sont des observateurs de premier plan et qu’ils constatent les gains que réalise l’association étudiante nationale. « Je pense que les associations de campus voient très bien la pertinence d’une association nationale parce qu’ils sont confrontés quotidiennement aux limites de ce que peut faire une association de campus. »