La Cour supérieure du Québec a rendu son jugement jeudi dernier sur le cas porté par les « carrés verts » Laurent Proulx et Miguäel Bergeron : rien ne brime la liberté d’expression des étudiants dans la structure des associations étudiantes telle qu’on la connaît aujourd’hui. Laurent Proulx et Caroline Aubry, présidente sortante de la CADEUL, se sont exprimés sur le sujet à Impact Campus.
« Je suis loin d’être démoralisé ou abattu, affirme Laurent Proulx, ceux qui pensent que cette décision-là est en train de me jeter par terre, ne sortez pas le champagne trop vite! » C’est ce qu’il disait quelques heures après la tombée du verdict, presque trois mois après la fin du procès. Il expliquait d’ailleurs que pour le moment, l’heure en était à relire et à analyser sous toutes ses coutures le jugement rendu par la juge Michèle Lacroix.
Le conseiller municipal du district de Cap-Rouge-Laurentien ne se fait pas de cachette : « On savait que ça allait être dur, qu’il n’y avait pas beaucoup de lois qui avaient été changées par la voie des tribunaux dans l’histoire du Québec et du Canada. On savait que ça se pouvait qu’on ait un refus. » Il réitère toutefois qu’avant de prendre toute décision quant à un éventuel recours à la Cour d’appel, l’heure est d’abord à la lecture.
De son côté, l’ancienne présidente de la CADEUL n’est pas convaincue qu’il y ait réellement matière à porter le cas devant la Cour d’appel. « J’espère que le jugement est assez clair pour que ça envoie un message aux requérants que ça suffit. Que le message est passé, qu’ils ont fait valoir leur point et que ça devrait s’arrêter là », pose-t-elle.
Un faux débat, dit la CADEUL
Caroline Aubry croit que le jugement rendu jeudi est sans équivoque, qu’il n’y a pas de place à l’ambiguïté. Selon elle, la CADEUL ne voit pas une opposition forte aux associations étudiantes. La légitimité étant au cœur du débat, il s’agit d’une victoire pour la Confédération de l’Université Laval. « Avec ce jugement, on voit que les associations ont leur lieu d’être, qu’elles sont très importantes dans le milieu de l’enseignement supérieur, qu’elles sont représentatives et démocratiques et qu’elles ont les moyens de se donner le mode de fonctionnement qu’elles souhaitent », indique-t-elle.
Laurent Proulx ne le voit toutefois pas aussi simplement. S’il comprend le jugement rendu en sa défaveur, il argumente que la requête devant la Cour supérieure n’est pas une attaque contre les associations étudiantes. Il cite la juge Lacroix qui lui propose de reverser son accréditation s’il n’est pas d’accord avec la représentativité de son association. « Je ne vais pas renverser une association étudiante pour aller prendre le monopole et ensuite dire que c’est moi que vous allez maintenant suivre. C’est pas ça l’idée! », continue-t-il.
Il rappelle que, même s’il n’est pas nécessairement d’accord avec l’idée des manifestations actuelles, il « se battrait pour que les étudiants aient le droit de le faire [manifester] ». Laurent Proulx explique que son point de vue n’est pas d’empêcher les autres de s’exprimer. Au contraire, il milite pour une pluralité des points de vue. « Il devrait y avoir un choix d’association pour les étudiants afin qu’ils puissent choisir celle qui représente le mieux leurs intérêts et leurs idées », termine-t-il.