Cet automne, on a eu la chance de s’entretenir avec Pierre-Luc Lachance au sujet du transport actif à Québec dans notre balado. Il avait évoqué ce projet de grande envergure que sont les corridors Vélo cité, qui vise à relier tous les quartiers de la Ville à son centre. La carte des tronçons prévus a été publiée hier, et il y a clairement de quoi se réjouir pour celles et ceux qui peuvent oser le transport actif. Impact Campus a eu la chance de discuter avec M. Lachance des détails du projet.
Par Florence Bordeleau-Gagné, journaliste multiplateforme
La carte des corridors Vélo cité, ce n’est pas moins de 14 tronçons cyclables qui vont cumuler, mis bout à bout, 150 kilomètres de piste. « Plusieurs segments de la carte sont à titre indicatif », souligne Pierre-Luc Lachance, « parce qu’à chaque étape de développement, on va consulter la population locale pour savoir où, exactement, ça serait mieux, pour leurs besoins, de faire passer le chemin cyclable. »
Une étape à la fois
Ces 150 kilomètres n’apparaîtront évidemment pas d’un seul coup : il va falloir y aller morceau par morceau. La Ville échelonne son projet sur dix ans. Est-ce un peu trop enthousiaste que de prévoir un aussi gros investissement, et à aussi long terme, pour le transport actif dans la Ville de Québec, qu’on surnomme pas-si-affectueusement la « ville des chars » ?
On ne dirait pas : le tout petit bout de piste cyclable sécurisé ajouté sur chemin Sainte-Foy en 2023, permettant un transit à vélo sécuritaire et efficace tant pour les travailleur.euses, étudiant.es et les parents trimballant leurs jeunes enfants dans des remorques-poussettes, a déjà fait ses preuves. Bruno Marchand affirme que les « meilleures journées » de l’été 2023 recensent plus de 2000 passages par jour, soit beaucoup plus que par le passé. C’est 2000 personnes de moins en voiture ou en autobus en une journée. On voit donc que de sécuriser des tronçons a un impact direct et majeur sur les habitudes de déplacement des citoyen.nes. Bien que cette piste ait occasionné quelques petits ralentissements sur cette artère de Québec à ses débuts, la circulation a depuis retrouvé toute sa « fluidité » d’antan (ça reste que chemin Ste-Foy, avec tous ses feux de circulation, n’a jamais été une route de transit automobile idéale).
Bien qu’il n’y ait pas encore de données hivernales, ce reportage de Radio-Canada rassemble l’avis de quelques cyclistes 4-saisons qui disent avoir vu une augmentation de la quantité de vélos sur chemin Sainte-Foy.
Lors de l’enregistrement du balado de cet automne, Pierre-Luc Lachance a beaucoup insisté sur le développement de ce segment, pour lier plus directement le Vieux-Québec à Sainte-Foy (en d’autres mots, des quartiers étudiants comme St-Jean-Baptiste à l’Université Laval). Pourtant, à présent, semble-t-il que les priorités ont changé : c’est le segment Charlesbourg-Québec qui se verra, en premier, réaménagé pour faciliter le transport actif. M. Lachance indique que ce tronçon suivra principalement les axes routiers existants ; les gens pourront ainsi emprunter des chemins qu’ils connaissent déjà sans avoir à se casser la tête (ou le bécyk, c’est selon).
Des infrastructures permanentes
Des lignes peintes au sol ne suffisent pas pour créer le sentiment de sécurité qui motive les gens à modifier leurs habitudes quotidiennes. Ce sont donc des travaux majeurs qui seront effectués – comme ce qu’on a vu sur chemin Sainte-Foy – pour créer une réelle séparation entre les voitures et les vélos, et susciter le sentiment de sécurité nécessaire au changement d’habitude des citoyen.nes. Bollards et bandes de béton surélevées seront donc au rendez-vous afin d’empêcher tout débordement motorisé sur les voies cyclables, ce qui va entre autres modifier le déroulement de la circulation en voiture, pendant les travaux bien sûr, mais après aussi. Par exemple, un bout de la 4e avenue à Charlesbourg deviendra sans doute un sens unique.
Une réaction mitigée
Cette carte n’attire pas que de bons commentaires, tant du chef de l’opposition, Claude Villeneuve, que de personnes qui suivent la page Facebook de la Ville. Alors que le premier soupçonne une volonté de faire « la guerre à la voiture », des citoyen.nes dénoncent les frais associés à ce projet, tant dans son développement que dans son entretien, et d’autres les soucis de circulation automobile que cela pourrait selon eux engendrer.
Pourtant, à long terme, le maire Marchand rappelle que le transport actif va contribuer à fluidifier les déplacements de la population entière, tant pour les gens qui préfèrent le petit nid douillet qu’est la voiture que pour ceux qui aiment sentir leurs jambes s’activer un brin avant d’arriver au travail.
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Qu’est-ce qui fait qu’un projet qui s’inscrit dans la lignée de l’écologie est plus ou moins bien accepté par la population ? Par exemple, pourquoi l’interdiction ponctuelle de faire des feux au bois pour améliorer la qualité de l’air de la Ville est-elle aussi mal reçue ? Pourquoi le projet du tramway est-il sans cesse reporté ? Pour explorer la question, on reçoit Annabelle Olivier, étudiante à la maîtrise en sciences politiques à l’Université Laval, au Balado d’Impact Campus à paraître le 1er mars prochain sur Spotify et Apple Podcast, mais aussi sur les ondes de CHYZ 94,3 à 11h. Restez à l’affût !