L’Équipe de Structure de l’Université Laval (ESUL) est un projet étudiant dirigé par 15 étudiants et étudiantes en génie civil. Son but : construire un pont innovateur en acier de 20 pieds et le confronter à celui de plusieurs autres universités nord-américaines en se pliant à plusieurs exigences, de manière à reproduire un réel environnement d’ingénierie.
De plus en plus connue, cette initiative fondée en 2006 sur le campus est née du désir de plusieurs étudiants passionnés en génie civil, qui ont réalisé l’ampleur du phénomène Student Steel Bridge Compétition sur le Web, de participer à cette compétition. Depuis maintenant 11 ans, la délégation de l’UL connait beaucoup de succès partout où elle passe.
Au cours de la session d’hiver 2017, l’équipe vise à participer à trois compétitions. Le 9 avril d’abord, un premier affrontement se déroulera au Connecticut et regroupera une douzaine d’universités américaines. Si elle se qualifie parmi les meilleures, l’ESUL pourra accéder à la grande finale en Oregon le 26 mai et ainsi s’opposer aux 50 meilleures équipes du circuit nord-américain, qui en compte tout près de 250.
Pour la première fois de son histoire, le comité tiendra également un challenge national sur son terrain, à l’Université Laval le 12 mai prochain. Le volet canadien des rivalités demeure relativement jeune, mais réunit déjà dix universités.
« Au Canada, ça a débuté il y a un an et c’est en train de grossir, explique le capitaine de l’ESUL, Dario Espi. Ça n’a pas encore la grosseur du phénomène aux États-Unis par contre. »
À quoi ressemble une compétition ?
Avant même d’arriver à chacun des tournois, les pièces du pont sont préparées et soudées dans les laboratoires de l’ESUL, situés dans le pavillon Adrien-Pouliot. Une fois sur place, l’infrastructure doit être montée dans un environnement précaire, mais réaliste. Chaque erreur occasionne une perte de points au cumulatif.
« C’est une zone restreinte avec une rivière en plein centre, poursuit le capitaine. Il y a des endroits où on peut marcher, et d’autres non. Ils nous imposent un contexte géographique d’un chantier de construction. C’est ce qu’ils veulent reproduire. »
La construction est chronométrée au centième de seconde près. Une fois celle-ci achevée, le prototype final de chaque équipe est pesé. Il est évalué selon son poids, son temps d’assemblage et sa rigidité. « Le pont ne s’écroule pas à la fin,assure d’ailleurs Dario Espi. Le but n’est pas d’avoir une installation qui soutient un grand poids, c’est davantage une question de rigueur. »
Expérience concrète
Depuis cet automne, les quinze étudiants se préparent chaque semaine à bien performer dans tous les volets de la compétition. Chacun d’entre eux occupe d’ailleurs une fonction bien précise au sein de l’équipe. Cela fonde une vision d’ensemble de ce qu’est un vrai projet d’ingénierie, selon le responsable de l’assemblage, Félix Ouellette-L’Heureux.
« Au départ, on prend connaissance des contraintes, puis ensuite on développe une solution, on la peaufine, on la réalise et on la pratique, indique-t-il. C’est similaire au fait de construire un pont en réalité, mais à échelle réduite. Il y a la même recherche de fonds, le financement. C’est sûr qu’il n’y a pas l’étude de marché, on ne peut pas tout faire, mais on ratisse vraiment large. »
Tous les processus entourant la conception, la modélisation et la construction du pont doivent donc être optimisés. « Le nombre de constructeurs, par exemple, est essentiel, lance le responsable des commandites, Frédéric Leclerc. Chacun d’entre eux nous coute de l’argent par minute en compétition. Il y a énormément de critères. »
L’aspect tangible, pratique et formateur de cette implication amène les membres du comité à se dépasser et à mieux comprendre les notions à assimiler dans le cadre de leur parcours académique. C’est du moins ce qu’estime le responsable technique de l’organisme, Justin Moreault.
« En cours, ce sont toujours des théories, et non des cas réels, note-t-il. De notre côté, on arrive à transposer ça à notre façon dans ce projet-là. Ça te permet de voir tous les aspects du métier, d’appliquer ce que tu vois en classe, de mieux comprendre finalement. »
Suivre le mouvement
L’ESUL a lancé il y a quelques semaines une campagne de sociofinancement sur La Ruche, section Université Laval. Demandant 3000$ au total, l’équipe a jusqu’ici récolté près de 900$ et se rapproche du tiers de son objectif. Une vidéo promotionnelle est également disponible sur la page Facebook du groupe pour mieux comprendre chacune des étapes à franchir avant les compétitions.
« Notre plus grosse dépense, c’est l’achat de matériaux pour construire le pont évidemment, donc des profilés d’acier et des joints, conclut Dario Espi. Ensuite, il y a les frais d’inscription aux compétitions et les coûts pour se rendre. »
Pour faire un don au projet, cliquez ici.
« Ça permet de réunir des étudiants en génie civil qui ont la passion en commun. J’aime ça aussi pour notre présence dans les congrès avec les employeurs, pour parler avec eux. On va aussi dans les écoles secondaires, pour parler à des jeunes. C’est la relève de demain. On essaie de donner cette passion-là à travers le projet en tant que tel » -Mathieu Létourneau-Gagnon, assistant-modélisateur.
« Plus on parle de notre projet, plus c’est bon pour nous. Ça permet d’aller chercher un meilleur financement, mais aussi de performer encore plus et ainsi de se faire connaitre. C’est une roue qui tourne » -Victor Bourrassa, responsable de la construction.
« On voit de beaux parallèles entre ce qu’on va avoir à faire plus tard et ce qu’on apprend à faire ici, sans conséquence. Ça nous fait un beau bagage » Félix Ouellette-L’Heureux, responsable de l’assemblage.