Il n’y a que très peu de choses à dire sur le débat qui a eu lieu à l’Université Laval mardi dernier. Ce n’était qu’une succession de consensus colorée par des détails partisans. La plus scandaleuse déclaration de la soirée fut en fait prononcée par l’organisateur chargé d’annoncer l’absence des conservateurs. Encore une fois, l’image d’un siège vide servait très bien à exposer le dédain traditionnel de cette formation politique pour les procédés démocratiques.
Où sont donc tous ces gens, ces candidats conservateurs ? Difficile de comprendre où on a décidé de les planquer. Sont-ils cloîtrés quelque part en Israël, méditant sur le fardeau fiscal des grandes entreprises ? Dans les circonstances, aucune explication ne peut réellement être écartée. Regrettons quand même que personne n’ait été laissé derrière pour répondre à quelques questions. Ça nous aurait peut-être enlevé l’impression de vivre dans une république de banane.
L’absentéisme n’est effectivement pas la pire des fautes commises par les conservateurs. Avant de tenter de déchiqueter les droits des immigrants sur l’autel du populisme identitaire, ils s’étaient entre autres rendus coupables d’intimidation envers les journalistes et de manipulation des conditions de vote. Y a-t-il donc encore quelqu’un qui se surprend de constater les symptômes d’autoritarisme dans cette disgracieuse culture politique ?
Tout en regrettant qu’une telle désinvolture ne soit pas plus rare en campagne électorale, on peut au moins profiter de l’occasion pour réfléchir aux réelles aspirations des candidats et des candidates s’affichant sous la bannière conservatrice. Pour quelles raisons se sont-ils lancés dans l’aventure électorale ? Tout porte à croire que la perspective d’une vie publique valorisante n’est pas en cause. La plupart disent plutôt que leur engagement se fait par conviction. Reste à savoir jusqu’à quel point les convictions pourront justifier les écarts.
Ultimement, en plus de dénoncer les porteurs de pareilles traditions, il serait intéressant que la population s’élève contre ce genre de pratiques par le vote et, surtout, par l’engagement politique. Si les candidats conservateurs ou autres choisissent de construire un ordre politique par l’hypocrisie et par la manipulation, il en va de la responsabilité citoyenne d’imposer une alternative réellement démocratique où une culture d’échange, de saine confrontation et de participation pourra perdurer.