Une lettre à toi, des mots pour guérir

Dans la foulée de l’attentat terroriste survenu le 29 janvier 2017, les organisateurs de la vigile de solidarité avec la communauté musulmane de Québec ont décidé de lancer le projet Lettre à toi. Parmi ceux-ci, l’étudiante en anthropologie de l’Université Laval, Alex Saulnier, a accepté de partager les toutes dernières avancées de cette action citoyenne.

La page Facebook Lettre à toi a été créée le mercredi suivant l’attentat et est aujourd’hui suivie par plus de 1500 personnes. Initiée par Annie Demers-Caron, professeure en anthropologie au Cégep Lévis-Lauzon, l’initiative vise d’abord à contrer l’islamophobie et le racisme.

« Nous invitons en fait la population à prendre un moment de recueillement chez soi, pour écrire une lettre à toi manuscrite, pleine d’amour et de solidarité envers les personnes musulmanes et/ou racisées de la région de Québec », déclare Alex Saulnier.

Les lettres reçues par le comité seront triées et acheminées, en collaboration avec le Centre culturel islamique de Québec (CCIQ), vers les personnes touchées par les récents événements.

Du tangible essentiel à la réflexion

Jusqu’à présent, le comité a reçu plus de 150 enveloppes. Ce chiffre ne fait qu’augmenter jour après jour. « Durant le tri, nous avons lu énormément de messages d’introspection. Des gens se rendent compte de leur intolérance. Il y en a qui s’adressent aux enfants, d’autres aux adultes », poursuit l’étudiante.

Que ce soit une lettre de solidarité ou de désespoir, la formule manuscrite permet une profonde remise en question, indique-t-elle. « Quand tu écris, tu penses aux mots que tu utilises et tu prends le moment pour réfléchir à ta propre position. »

Une véritable initiative citoyenne

C’est la séance d’écriture collective au Cégep de Lévis-Lauzon, le 3 février dernier, qui a réellement donné le coup d’envoi au projet. Une étudiante et un professeur ont spontanément repris l’idée Lettre à toi et ont organisé un événement pour permettre aux gens sur le campus de participer.

« C’est ce qu’on essaie de faire dans les écoles selon une formule pédagogique. Le but est de s’exprimer de manière simple et de sensibiliser le plus grand nombre de personnes possible », précise Alex Saulnier.

Le projet souhaite réunir des personnes de tous les horizons qui luttent contre le racisme et l’islamophobie ou qui en sont victimes. Ce geste citoyen n’est, en aucun cas, relié à une idéologie politique, mais plutôt à l’expression de sentiments de solidarité et de tolérance.

« On essaie de faire durer l’élan de solidarité qui va les marquer pour toute leur vie. Après le boost médiatique, on ne veut pas laisser les gens seuls et il faut continuer de lutter contre le racisme » -Alex Saulnier.

Sur notre campus

À l’Université Laval, la jeune femme a aussi repris cette action spontanée avec un comité d’étudiants en anthropologie. Une séance d’écriture collective se tiendra le 22 février de 10 h à 16 h (lieu à déterminer).

Du papier, des crayons et un dépliant contre le racisme seront à la disposition des étudiants. Chacun est invité à prendre un moment pour écrire un message et à s’impliquer d’une quelconque façon au projet.

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